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lundi 29 octobre 2018

La synagogue de Pittsburgh à l’opposé des valeurs de Trump et de Netanyahou

"Les victimes juives du crime atroce de la Synagogue de Pittsburgh ont payé pour les valeurs portées par Trump et Netanyahou", écrit le quotidien israélien Haaretz, en rappelant que la synagogue attaquée défendait notamment les droits des réfugiés.





La Synagogue de "L’Arbre de Vie" (“Tree of life”), victime du terrible massacre qui a fait 11 morts samedi, s’est transformée en "Vallée de la Mort", provoquant un énorme choc dans toute la communauté juive américaine, à laquelle Trump s’est permis de faire des reproches sur son absence de gardes armés à ses abords.

"Il a ainsi relancé le débat qui surgit après chaque attaque massive aux USA sur "l’autodéfense et la prolifération des armes qu’elle implique". Et tout ce que Trump a trouvé à dire à ces victimes, c’est qu’elles étaient responsables de leur sort n’ayant pas choisi de s’armer jusqu’aux dents, comme il le préconise", relève Haaretz.

Et cette synagogue, souligne l’article, a été attaquée par le fasciste Robert Bowers parce que, contrairement à Trump, elle ne veut pas entendre parler de suprématie blanche et de chasse aux immigrés.

Sa haine des Juifs et des étrangers "n’ont pu qu’être encouragées par les propos de Trump qui a qualifié de "gens bien" ("fine people") les mouvement racistes d’extrême-droite qui ont organisé en aout 2017 le rassemblement meurtrier de Charlottesville", estime Chemi Shalev dans Haaretz ce dimanche.

Il estime que cette attaque est dans la lignée des colis et lettres piégés envoyés à des opposants de Trump, par Cesar Sayoc, un fan du président US.

Et que la volonté de Trump d’occulter la responsabilité du climat d’extrême-droite qu’il impulse, fait penser à la manière dont la droite israélienne, par le climat de haine qu’elle a entretenu, portait la responsabilité de l’assassinat par Yigal Amir d’Yitzhak Rabin en 1995.

"Et les expressions de soutien hypocrites en provenance de Jérusalem ne peuvent qu’ajouter à la douleur et à l’insulte de cette communauté juive américaine", peut-on lire dans Haaretz.

"La plupart des Juifs américains, souligne l’article, détestent depuis le début l’adulation de Netanyahou pour Trump. Naftali Bennett, qui a annoncé rapidement, en tant que "ministre des affaires de la diaspora" sa visite sur les lieux du crime,
crime, représente un gouvernement et un parti qui contestent la légitimité des mouvements de Réforme auxquels adhèrent la majorité des Juifs américains."

"Et ces Juifs de n’ont pas été attaqués en raison de sympathies pour Israel. Bowers a clairement exposé sur les réseaux sociaux qu’il assimilait les Juifs à l’organisation de soutien aux réfugiés, la Hebrew Immigrant Aid Society (HIAS), qui a notamment soutenu les réfugiés de Syrie, après avoir soutenu les réfugiés juifs fuyant le nazisme. Et de ce fait, ils contribuent dans l’esprit tordu de Bowers à mettre en danger la suprématie de la race blanche américaine".

Or l’HIAS a vertement critiqué la politique de Netanyahou à l’encontre des réfugiés africains.

"Ainsi, conclut Haaretz, les Juifs américains se trouvent condamnés à subir les mots de réconfort d’un président dont la conduite et la rhétorique leur répugne, ainsi que les expressions de soutien d’un gouvernement israélien qui les rejette, eux et leurs valeurs. A leurs yeux, les idées de ceux qui leur apportent ainsi leur soutien sont plus proches de celles de leur assaillant nazi que des valeurs des Juifs assassinés de sang froid dans leur lieu sacré de culte."

(Article traduit par CAPJPO-EuroPalestine)

mardi 16 octobre 2018

Islamisation dans le 93: l'enquête toute trouvée

Islamisation en cours Seine-Saint-Denis. C'est la grande révélation de cette fin d'année. A l'origine de ce grand travail d'enquête, Fabrice Lhomme et Gérard Davet, qu'on ne présente plus.


Par Charles KABANGO

La maison d'édition Fayard présente "5 jeunes journalistes, 8 mois d'enquête sans a priori ni tabou en Seine-Saint-Denis pour détecter les signaux, parfois faibles mais désormais ostensibles, de l’islamisation d’une partie de la société, puis en identifier les conséquences concrètes." La prétention est là. Indiscutable.

Cependant, Fayard va vite en besogne. Bien sûr que ce livre-enquête procède d'un a priori, c'est ce qui explique le choix d'aller dans le 93 et non dans le 16e arrondissement de Paris. Sans a priori, on se retrouverait en train de mener une enquête sur le moral des ménages assujettis à l'ISF à Aulnay-sous-Bois plutôt que dans le 8e ou 7e arrondissement de Paris. 

Et s'il ne s'agit que de détecter les signaux, parfois faibles mais désormais ostensibles, de l’islamisation d’une partie de la société, puis en identifier les conséquences concrètes... nul besoin d'une enquête au sens scientifique ou même journalistique. Tout touriste ou toute personne ayant déjà vécu en Seine-Saint-Denis peut valablement détecter les fameux signaux. 

Quant à l'islamisation, si on l'entend simplement comme le fait de devenir musulman, de se convertir à l'islam, les conséquences concrètes ne font l'objet d'aucun mystère: Chahada, Salat, Zakat, Saoum, Hajj. Les fameux cinq piliers de l'Islam. A moins qu’islamisation ne veuille dire autre chose que le fait de devenir musulman, et dans ce cas, il faudrait s'attendre à d'autres conséquences concrètes que nos enquêteurs cherchent à tout prix à identifier.

On sait depuis très longtemps que l'habit ne fait pas le moine, la foi serait-elle réductible à des "signaux" identifiables par tout païen? De quoi ces signaux peuvent-ils être réellement le nom? 

Qu'est-ce que l'islamisation?

Le problème fondamental de cette enquête repose sur son sujet : l'islamisation.  

Concept éminemment polémique, médiatique qui, lui-même, mériterait une sérieuse et profonde enquête, une sérieuse et profonde définition. Sans quoi, toute enquête prétendant nous instruire sur sa réalité  n'est que pure cafouillage, pur travestissement, pure confusion, pure propagande. Pure distraction.

Se sent-on à Bobigny comme on se sentirait à Dakar, à Ryad, à Islamabad ou dans n'importe quelle ville majoritairement et précisément islamisée? 

Fabrice Lhomme et Gérard Davet s'en tiennent à la définition du Larousse. Pour eux, si : " L’islamisme peut se définir comme une idéologie politique fondamentaliste qui cherche à régir la vie de l’individu et de la société dans une logique prosélyte.", alors  "L’islamisation est un phénomène plus large. Selon le dictionnaire Larousse, c’est l’« action d’islamiser », c’est-à-dire de « convertir à l’islam », et/ou d’« appliquer la loi islamique dans divers secteurs de la vie publique et sociale ".

Si l'islamisation est un phénomène plus large, c'est donc qu'elle englobe l'islamisme , ce qui nous emmène à la vérité d'un spécialiste du Coran,  Eric Zemmour,  selon qui, Islam=Islamisme. Un point, un trait. Il faut donc pouvoir tirer les conclusions qui s'imposent.

Par ailleurs, d'après les enquêteurs, Larousse, qu'on ne saurait accuser d'islamophobie, définit lui-même l'islamisation comme l'obéissance à la loi islamique dans divers secteurs de la vie publique et sociale....et l'islamisme c'est une idéologie politique fondamentaliste. L'islam est donc manifestement un problème. La République française ne saurait s’accommoder ni de l'islamisme, ni de l'islamisation, et encore moins de l'islam.  La loi de la République ne saurait cohabiter avec le musulman, puisque ce dernier est, nous dit-on, soumis à la loi islamique, laquelle régit une partie de la vie publique et sociale. 

Même si, dans un étrange paradoxe et une hypocrisie manifeste, les auteurs du livre Inch'Allah : l'islamisation à visage découvert écrivent: "Alors, d’emblée, il faut rappeler quelques évidences. Non, l’islam n’est pas un gros mot, « musulman » n’est pas une injure. Non, vivre sa foi intensément n’est pas contradictoire avec ce fameux principe de laïcité sur lequel se fonde, en matière religieuse, la République française."

Il y a là une intense contradiction. Ils essayent de se rattraper comme ils le peuvent. Ils tentent de contourner une contradiction de principe faisant du  musulman un sujet inquiétant et inquiet de la République. Vivre intensément sa foi dans un pays où l'interdiction du voile fait loi, n'est-ce pas la contradictoire?

En vérité, le mot islamisation fonctionne surtout comme  une menace et/ou une accusation publique et politique. L'islamisation en France, ce n'est pas rien, c'est le terreau sur lequel évolue le projet djihadiste, terroriste.  L'islamisation, c'est le contraire des valeurs républicaines : libertés, égalité des chances, laïcité, fraternité pour ceux et celles qui ont un nom chrétien, si possible, disons que c'est souhaitable. 

On indexe les fameuses populations "islamisées" ( c-a-d devenues musulmanes) qui, à défaut d'avoir pu s'acheter le PSG ou le Ritz, se concentrent dans tel coin de la France, pour bouffer du halal et s'habiller en djellabah.

L'islamisation, c'est également une ligne de démarcation électoraliste, entre les fameux islamo-fascistes et les mielleux islamo-gauchistes. 

L'ouvrage de Fabrice Delhomme et Gérard Davet se refuse d'explorer véritablement la notion obscure d'islamisation. On est là, dans la même lignée qu'un  Stephen Smith, qui parlait pour sa part  d'africanisation de l'Occident, et surtout de la France. Terme ô combien insignifiant, si on ne devine pas qu'il renvoie essentiellement à une préoccupation racialiste, voire raciste.

Melting pot

"Oui, établir un lien direct et automatique entre islam, islamisme et djihadisme relève du syllogisme malfaisant et, surtout, de la pure mauvaise foi. À l’inverse, nier que c’est au nom de l’islam qu’islamistes et djihadistes répandent, pour les uns, leur idéologie rétrograde, pour les autres, le sang des innocents, s’apparente à de la malhonnêteté intellectuelle." Écrivent les enquêteurs.

N'est-ce pas là une puissante faiblesse d'analyse? Une contradiction insoutenable? Une misérable subtilité? un alignement de termes non définis: islam, islamisme, djihadisme. Ensuite, je ne vois là aucun syllogisme malfaisant. Il y a un lien évident et direct entre islam et djihad. Quant à  l'islamisme, le djihadisme....le lien direct que l’on peut établir avec l'islam c’est leur racine. Reste donc à disserter sur le suffixe -isme.

Ce qui 'il y a de malfaisant et d'intellectuellement malhonnête, c'est d'entamer la polémique avant la moindre définition des termes du débat, c'est cette imbrication de termes, ce melting-pot de notions sur lesquelles on ne dit absolument rien, comme s'il y avait là-dessus, une commune entente secrète.

Le problème de fond n'est pas de reconnaître ou de nier qu'islamistes et djihadistes répandent idéologie retrograde et sang des innocents au nom de l'islam. Le problème est de savoir si cette couverture religieuse peut être valablement prise en compte. C'est tout le sens du débat entre Olivier Roy (islamisation de la radicalité) et Gilles Kepel (radicalisation de l'islam).  Gilles Kepel étant un allumé du Saint-esprit, la thèse d'Olivier Roy me paraît la plus digne d'intérêt. C'est elle qu’il faut discuter, interroger, secouer.  

Et en même temps

Nos enquêteurs caressent la joue du musulman pour mieux la gifler. Ils  écrivent :"Il faut le dire, le répéter sans cesse : l’immense majorité des musulmans de ce pays souhaitent vivre pacifiquement, en respectant les lois de la République, et rejettent totalement ces prédicateurs intégristes et autres kamikazes sanguinaires dont ils sont, par ailleurs, souvent les premières victimes. Mais ne pas oublier, pour autant, que les multiples attentats qui ont endeuillé l’Hexagone ces dernières années ont tous été commis par des musulmans extrémistes, affirmant agir "au nom d’Allah".

Il n'y a pas de mais..... la majorité des musulmans démontrent précisément que le problème du terrorisme ne se trouve pas dans leur foi, dans l'islam. Il est ailleurs. Les attentats n'endeuillent pas que l'Hexagone. Ils endeuillent le monde entier, et même s'ils sont commis par des musulmans, cela n'empêche pas que les premières victimes soient dans leurs rangs . Si on veut sérieusement penser cette question, il faut donc commencer par se dévoiler l'esprit. L'explication réelle de ces tueries ne se trouve pas dans l'islam, mais dans notre monde contemporain, en tant que monde capitaliste. 

Prenons ces 20 dernières années, il n'y a pas qu'au nom d'Allah que le sang a été répandu dans notre monde. Georges Bush le faisait au nom du "Bien".  Peut-on vraiment prendre  Georges Bush au mot? Alors, pourquoi s'oblige-t-on à croire la parole de mercenaires, brandissant le nom d'Allah à tout bout de champ?  Le réactionnaire Huntington n'a t-il pas déjà théorisé à propos? Alors, pourquoi se durcir le crâne, il faut convenir à cette vérité occidentale qu'il y a une idéologie islamiste. Une idéologie rétrograde. Et donc une banlieue rétrograde.

En Arabie Saoudite, au Qatar, a t-on affaire à des musulmans modérés ou extrémistes? Comment expliquer leur parfaite entente avec le monde occidental?

Décharger ces anecdotes sur les populations ostracisées et immigrées, voilà ce qu'on appelle enquête. L'islamisation à visage découvert c'est surtout le racisme dans toute sa splendeur. Ce à quoi on assiste en Seine-Saint-Denis, ce sont les premiers résultats du racisme d'Etat à la française, les "réussites" du capitalisme. 

Ce qui frappe la conscience lorsqu'on a un peu déambulé dans le 93 ou lorsqu'on y a un peu séjourné, comme moi, c'est moins l'esprit religieux que la pauvreté éclatante. C'est moins l' "islamisation" que la prolétarisation, ou si on veut être moins politique, la précarisation déchirante. C'est moins la loi islamique que la concurrence effective entre misérables. Le 93, n'est pas un territoire sous l'emprise d'une "idéologie", il est sous l’emprise du rien, du rien errant, du rien travaillant, du rien priant. On peut même raconter n'importe quoi sur le 93 sans risque de représailles... Chacun y va de sa petite enquête et nourrit les clichés les plus rentables.

Bienvenue dans le désert du réel

La consigne des deux directeurs de thèses à nos cinq vaillants étudiants était claire: "C’est là que nous avons dépêché nos cinq jeunes journalistes, qui l’ont labouré près d’une année durant. Avec une consigne, simple à expliquer mais délicate à mettre en œuvre : oublier tous les a priori, les clichés, les intox, et en revenir à ce qui fait l’essence même de notre métier : les faits."

Cette méthodologie a de quoi fait sourire tout enquêteur sérieux. Comment peut-on recommander à quelqu'un d'oublier ses "clichés"? Que lui restera t-il à la place? Oublier l'imaginaire dans lequel on baigne, c'est fou ça!

Qu'est-ce un a priori? Un cliché? Un intox? N'est-ce pas des faits qui nourrissent nos a priori, nos clichés, nos intox? Suffit-il de dire à cinq jeunes étudiants d'oublier les clichés pour que les faits enregistrés acquièrent toute la puissance du réel? Non.

Dans un ouvrage intitulé Bienvenue dans le désert du réel, le philosophe slovène Slavoj Zizek, commentant cette nouvelle guerre dans laquelle l'Occident a mis les pieds depuis les attentats du 11 septembre écrit : "Rien ne se passe au niveau de la réalité matérielle visible, aucune explosion massive ; pourtant l’univers connu commence de s’effondrer, la vie se désintègre." (...) " C’est la conscience de vivre dans un univers artificiel et isolé qui entraîne l’idée qu’un agent mauvais nous menace tout le temps de destruction totale."

L'arrière-fond de cette enquête est de présenter la réalité moderne sous l’alternative : République ou islamisme. Simulacre!

La Seine-Saint-Denis fut un désert du réel pour nos enquêteurs.  Ils y sont sortis comme ils y sont entrés, avec la seule vérité qu'ils savaient déjà: la France s'islamise.....Soumission....Identités malheureuses....les Territoires perdus de la République....Suicide français, etc.

Qu'on ait fait porter ce concentré de propagande à cinq jeunes esprits n'est guère étonnant. C'est le message subliminal du Christ sauveur dans Marc 10, 13-16: "Laissez les enfants venir à moi. Ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent.Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. »

Ainsi, on peut apprécier ces jeunes esprits sur les plateaux télés, nous faire des témoignages qui respirent l'innocence. 

L'islamisation à l'oeuvre 

"(...)oui, l’islamisation est à l’œuvre en Seine-Saint-Denis...Mais il faut se garder des interprétations hâtives, des conclusions simplistes. Si la loi islamique gagne des parts de marché, c’est souvent pour combler un vide, pallier des carences inacceptables, remédier aux errements de la puissance publique, autant de maux dont souffre la population locale. Par ailleurs, cette enquête le démontre, au sein même de la communauté musulmane du 9-3, ils sont nombreux à s’alarmer de cette poussée intégriste." Splendide mièvrerie de nos enquêteurs. 

Le jargon respire le mépris. Et une fois de plus, contradiction et melting pot sont au rdv. Le mot islamisation ayant été faiblement défini, tout et rien reposent maintenant sur lui. Quant à l'expression population locale, ça en dit long. On parle des habitants de la Seine-Saint-Denis, parmi lesquelles  une majorité de Français, comme s'il s'agissait des habitants du Mali, du Tchad, de la RDC. Pourrait-on mobiliser cette expression en parlant du 8e arrondissement? Non.

L'islamisation est ici présentée comme une pathologie de la République, puisque la loi islamique gagne des parts de marché pour combler un vide laissé par la puissance publique. S'islamiser, adhérer à l'islam est donc une conséquence malheureuse. Si l'Etat avait été là pour s'occuper de la population locale, celle-ci n'aurait point besoin de s'islamiser. Cette présentation et description de la Seine-Saint-Denis est un refus du réel. Un refus de réellement comprendre, un refus d'enquêter véritablement.  L'enquête démontre que la communauté musulmane du 93 est inquiète de la poussée intégriste. Il n'est plus ici question de population locale...mais de communauté musulmane.  

Nous n'allons pas commenter tout ce livre. Il n'est guère intéressant. Mais, il nous faut conclure sur un bout de texte de cette enquête inédite. 

"Enfin, cette propagation constitue-t-elle réellement un problème ? Ne faut-il pas accompagner ce retour du sentiment religieux plutôt que tenter de le freiner ? L’« identité » de la nation – en l’occurrence la nôtre –, concept dont on nous rebat les oreilles depuis plusieurs années, n’est pas une notion figée, elle évolue dans le temps, s’adapte aux mutations qui la parcourent… En d’autres termes, les revendications croissantes d’une partie des Français de confession musulmane ne sont-elles pas légitimes ?" Grosse plaisanterie de nos enquêteurs. 

Qui donc accompagnera le retour à ce sentiment religieux? Qui donc tente de le freiner? L'Etat laïc. De quel retour parle t-on?Fait-on semblant d'ignorer que dans cette histoire, l'Etat n'est pas neutre? L'historien le plus lu de France, Zemmour, l'a dit: ce qui fait (la) France, c'est le catholicisme.

Se demander si cette propagation  est réellement un problème n'a pas de sens quand on vient de présenter la loi islamique, l'islamisation comme un rempart lorsque l'Etat est absent. Cette analyse est fausse. L'Etat est bel et bien présent en Seine-Saint-Denis. Mais autrement. Ceux qui veulent savoir ce qu'est un Etat absent peuvent aller au Nigéria, en RDC, en Somalie, au Soudan, en Colombie,etc.

Quant à la question sur l' "identité" de la nation,il est curieux de voir comment les enquêteurs finissent par prendre en compte un concept qui leur paraît pourtant assommant: "l'identité nationale". De quelles revendications nous parlent les enquêteurs?  C'est donc là leur point d’atterrissage: l'identité. Ils vont dans le 93, non pas pour nous parler d'égalité, mais d'identité.

Ite missa est.


lundi 15 octobre 2018

Manifeste pour les migrants

Les rédactions de Regards, Politis et Mediapart s’associent pour lancer le Manifeste « Pour l’accueil des migrants » signé par 150 intellectuels, artistes, militants associatifs, syndicalistes et personnalités de la société civile. Nous invitons celles et ceux qui l’approuvent à le rejoindre en le signant en ligne sur change.org et en le partageant sur les réseaux sociaux sous le hashtag #pourlaccueildesmigrants.



Partout en Europe, l’extrême droite progresse. La passion de l’égalité est supplantée par l’obsession de l’identité. La peur de ne plus être chez soi l’emporte sur la possibilité de vivre ensemble. L’ordre et l’autorité écrasent la responsabilité et le partage. Le chacun pour soi prime sur l’esprit public.
Le temps des boucs émissaires est de retour. Oubliées au point d’être invisibles, la frénésie de la financiarisation, la ronde incessante des marchandises, la spirale des inégalités, des discriminations et de la précarité. En dépit des chiffres réels, la cause de nos malheurs serait, nous affirme-t-on, dans la « pression migratoire ». De là à dire que, pour éradiquer le mal-être, il suffit de tarir les flux migratoires, le chemin n’est pas long et beaucoup trop s’y engagent.
Nous ne l’acceptons pas. Les racines des maux contemporains ne sont pas dans le déplacement des êtres humains, mais dans le règne illimité de la concurrence et de la gouvernance, dans le primat de la finance et dans la surdité des technocraties. Ce n’est pas la main-d’œuvre immigrée qui pèse sur la masse salariale, mais la règle de plus en plus universelle de la compétitivité, de la rentabilité, de la précarité.
Il est illusoire de penser que l’on va pouvoir contenir et a fortiori interrompre les flux migratoires. À vouloir le faire, on finit toujours par être contraint au pire. La régulation devient contrôle policier accru, la frontière se fait mur. Or la clôture produit, inéluctablement, de la violence… et l’inflation de clandestins démunis et corvéables à merci. Dans la mondialisation telle qu’elle se fait, les capitaux et les marchandises se déplacent sans contrôle et sans contrainte ; les êtres humains ne le peuvent pas. Le libre mouvement des hommes n’est pas le credo du capital, ancien comme moderne.
Dans les décennies qui viennent, les migrations s’étendront, volontaires ou contraintes. Elles toucheront nos rivages et notre propre pays, comme aujourd’hui, aura ses expatriés. Les réfugiés poussés par les guerres et les catastrophes climatiques seront plus nombreux. Que va-t-on faire ? Continuer de fermer les frontières et laisser les plus pauvres accueillir les très pauvres ? C’est indigne moralement et stupide rationnellement. Politique de l’autruche… Après nous le déluge ? Mais le déluge sera bien pour nous tous !
Il ne faut faire aucune concession à ces idées, que l’extrême droite a imposées, que la droite a trop souvent ralliées et qui tentent même une partie de la gauche. Nous, intellectuels, créateurs, militants associatifs, syndicalistes et citoyens avant tout, affirmons que nous ne courberons pas la tête. Nous ne composerons pas avec le fonds de commerce de l’extrême droite. La migration n’est un mal que dans les sociétés qui tournent le dos au partage. La liberté de circulation et l'égalité des droits sociaux pour les immigrés présents dans les pays d'accueil sont des droits fondamentaux de l’humanité.
Nous ne ferons pas à l’extrême droite le cadeau de laisser croire qu’elle pose de bonnes questions. Nous rejetons ses questions, en même temps que ses réponses.
Personnalités signataires :
Christophe AGUITON sociologue, Christophe ALEVEQUE humoriste et auteur, Pouria AMIRSHAHIdirecteur de Politis, Ariane ASCARIDE comédienne, Jean-Christophe ATTIAS universitaire, Geneviève AZAM économiste, Bertrand BADIE politiste, Sébastien BAILLEUL DG du CRID, Josiane BALASKOcomédienne, Étienne BALIBAR philosophe, Ludivine BANTIGNY historienne, Pierre-Emmanuel BARREauteur, humoriste, Lauren BASTIDE journaliste, féministe, Christian BAUDELOT sociologue, Edmond BAUDOIN auteur, dessinateur de BD, Alex BEAUPAINauteur, compositeur, interprète, François BEGAUDEAUécrivain, Yassine BELATTAR humoriste, Hourya BENTOUHAMI philosophe, Alain BERTHOanthropologue, Pascal BLANCHARD historien, Romane BOHRINGER comédienne, Benoît BORRITSchercheur militant, Patrick BOUCHAIN architecte, Alima BOUMEDIENE-THIERY avocate, Rony BRAUMAN médecin, cofondateur de MSF, Michel BROUE mathématicien, Valérie CABANES juriste internationale, Hélène CABIOC’H présidente de l’Ipam, Julia CAGE économiste, Robin CAMPILLO réalisateur, Aymeric CARON écrivain, journaliste François CHAIGNAUD chorégraphe, Patrick CHAMOISEAUécrivan, Paul CHEMETOV architecte, Monique CHEMILLIER-GENDREAU juriste, Mouhieddine CHERBIB Respect des libertés, Jean-Louis COHENhistorien, Cristel CORNIL enseignante-chercheuse, Marie COSNAY écrivaine, Annick COUPE syndicaliste Alexis CUKIER philosophe Jocelyne DAKHLIAhistorienne Jean-Michel DAQUIN architecte Françoise DAVISSE réalisatrice, Philippe DE BOTTON président de Médecins du monde, Laurence DE COCKhistorienne, Fondation Copernic, Catherine DE WENDEN politologue, Christine DELPHY féministe, Christophe DELTOMBE président de la Cimade, Rokhaya DIALLO journaliste, écrivaine, Georges DIDI-HUBERMAN philosophe, Bernard DREANO président du Cedetim Michel DRU anesthésiste réanimateur Françoise DUMONT présidente d’honneur de la LDH Annie ERNAUX écrivaine, Éric FASSIN sociologue, anthropologue, Corentin FILA comédien, Geneviève FRAISSE philosophe, Bernard 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CRID, Thomas PORCHER économiste, Didier PORTEhumoriste, Mathieu POTTE-BONNEVILLE philosophe, Olivier PY auteur, metteur en scène et directeur du Festival d’Avignon, Bernard RAVENEL historien, Éric REINHARDT écrivain, Prudence RIFF co-présidente du FASTI, Michèle RIOT-SARCEY historienne, Vanina ROCHICCIOLI présidente du Gisti Paul RODINdirecteur délégué du festival d’Avignon, Marguerite ROLLINDE politologue spécialiste du Maghreb, Alexandre ROMANES cirque Romanès, Délia ROMANES cirque Romanès, Paul RONDIN directeur délégué du Festival d’Avignon, Alain RUSCIO historien, Malik SALEMKOUR président de la LDH, Sarah SALESSE avocate, Christian SALMON écrivain, OdileSCHWERTZ-FAVRAT ex-présidente de la Fasti, Denis SIEFFERT président de la SAS Politis, Catherine SINETdirectrice de la rédaction de Siné Mensuel, Evelyne SIRE-MARIN magistrat, Romain SLITINE enseignant à Sciences Po, Pierre TARTAKOWSKY président d’honneur de la LDH, Lilian THURAM fondation Lilian Thuram-Éducation contre le racisme, Sylvie TISSOTsociologue, Michel TOESCA acteur, réalisateur, Marie TOUSSAINT militante associative, présidente de Notre affaire à tous, Assa TRAORE comité Adama, Enzo TRAVERSO historien, Catherine TRICOT architecte-urbaniste, Aurélie TROUVE altermondialiste, agronome, Fabien TRUONG sociologue, Michel TUBIANA président d’honneur de la LDH, Dominique VIDAL-SEPHIHA journaliste, Jean VIGREUX historien, Thierry VILA écrivain, Arnaud VIVIANT écrivain, critique littéraire, Sophie WAHNICH historienne, Jacques WEBER comédien, Serge WOLIKOW historien.
Associations :
Assemblée citoyenne des originaires de Turquie(ACORT), Auberge des migrants, Bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants (BAAM), CCFD - Terre solidaire 93, Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (CEDETIM), Centre international de culture populaire (CICP), Coalition internationale des sans-papiers et migrants (CISPM), Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT), Coordination 75 des sans-papiers, Coordination 93 de lutte pour les sans-papiers, CSP92, DIEL, Fédération des associations de solidarité avec tous·te·s les immigré·e·s (Fasti), Fédération des tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), Gisti, Initiatives pour un autre monde (IPAM), La Cimade, Ligue des droits de l’homme, Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie, Roya citoyenne, Syndicat des avocats de France (SAF), Union juive française pour la paix (UJFP), Utopia 56.

mercredi 10 octobre 2018

Pemezec souhaite-t-il vraiment étouffer le RN ?

Après avoir appelé à établir des ponts avec l'ex Front National Philippe Pemezec, pris en défaut par la journaliste de Public Sénat tourne casaque et explique vouloir désormais étouffer le parti d'extrême droite ! Qui Philippe Pemezec dont personne n'ignore l'idéologie d'extrême droite* pense-t-il berner ?




Comme il le dit lui-même nous sommes dans un pays libre où l'on peut discuter avec tout le monde. C'est pour cela que souvent nous croisons dans les rues du Plessis-Robinson Philippe Pemezec en compagnie de Jean-Yves Le Gallou grande figure de l'extrême droite française.

Philippe Pemezec et Jean-Yves Le Gallou

Illustration de la personnalité de l'acolyte de Philippe Pemezec : A la question 
Bientôt la coupe du monde de football en Russie. Allez-vous soutenir l’équipe de France ?
Jean-Yves Le Gallou répond : 
Non, je ne suis « supporter » d’aucune équipe. Je considère que le spectacle footballistique est le nouvel opium du peuple et, pire, est l’une des nombreuses formes que prend l’appareil de propagande immigrationniste. 
 Rien que ça !

Jean-Yves Le Gallou bien accompagné


* Front national : l’aveu gênant d’un élu UMP

Pemezec bafouille sur Public Sénat !

Philippe Pemezec, sénateur des Hauts-de-Seine, élu en septembre 2017, a affirmé hier sur Public Sénat dans l'émission «Territoire Sénat» qu’il ne fallait «rien s’interdire» concernant les relations avec le Rassemblement national. 

Visiblement gêné par la demande des journalistes de préciser ses propos Philippe Pemezec exécute un magistral rétropédalage.

Cet épisode montre encore une fois que par veulerie Philippe Pemezec n'assume toujours pas son penchant pour l'idéologie de l'extrême droite.



mardi 9 octobre 2018

Les racistes ... Si on se tait ils ont gagnés !

Hapsatou Sy qui porte plainte contre Éric Zemmour et à Vivre au Plessis-Robinson nous la soutenons dans sa démarche !



Hapsatou Sy passe de la parole aux actes. Après avoir annoncé réfléchir à porter plainte suite à sa récente confrontation avec Éric Zemmour, l'ex-chroniqueuse des "Terriens du dimanche" et femme d'affaire a annoncé au Huffpost que son passage au commissariat n'était "plus qu'une question d'heures" et que la plainte serait "déposée dans la journée" de ce mardi 9 octobre.

Hapsatou Sy, dont Éric Zemmour avait dit que son prénom était "une insulte à la France" lors de l'émission de Thierry Ardisson du 16 septembre dernier, a également précisé que jusque-là, elle attendait un "dernier élément pour que le dossier soit complet", ce qui explique le temps écoulé depuis l'incident.

Dans une série de tweets le 16 septembre, Hapsatou Sy disait avoir "tous les éléments" en sa possession et promettait qu'Éric Zemmour ne s'en "sortirait pas indemne" et que cette fois "il ne gagnerait pas". Étant prête à "aller jusqu'au bout, quelles que soient les conséquences".


Il ne gagnera pas cette fois. j'ai tous les éléments en ma possession. Il ne s'en sortira pas indemne. Et pour mes parents et mon identité insultés ce soir, j'irais jusqu'au bout qques soient les conséquences. A bon entendeur
— Hapsatou SY (@HapsatouSy) 16 septembre 2018


La polémique, qui lui avait valu autant de messages de soutiens que d'insultes, comme cette lettre d'insultes racistes - et pire encore- d'excréments , l'a "énormément fatiguée", a-t-elle confié au Huffingtonpost.

Malgré tout, elle ne songe pas une seconde à s'arrêter de dénoncer ces comportements, qui la rendent "encore plus rebelle" et s'explique: "Si on se tait, ils ont gagnés. 'Ils', ce sont ceux qui profitent de ce qu'on appelle la liberté d'expression pour être insultants. Devenir silencieux, c'est laisser leur seule voix se faire entendre." Avant de conclure: "Cette polémique me donne davantage de rage, d'énergie pour continuer à dénoncer ces comportement."


Ce dépôt de plainte, qui survient la veille du lancement de sa Web TV, sera le début d'une bataille juridique symbolique pour la question de l'identité en France.

jeudi 4 octobre 2018

Le populisme ? C'est ça ...

Non ... Dupont-Aignan n'est pas un crétin ... 

Il prend juste ses électeurs pour des couillons !





mercredi 3 octobre 2018

Pourquoi le racisme anti-blanc n'existe pas !

Après la polémique suscitée par les propos du rappeur Nick Conrad, à lire ou écouter certains commentaires, il apparaît utile de revenir aux fondamentaux et d’expliquer ce qu’est le racisme (pour les nuls).

Par Rokhaya Diallo.

Les propos tenus dans le clip de ce rappeur dont vraisemblablement personne ne connaissait l’existence avant hier sont d’une violence difficilement soutenable. Si l’auteur invoque la fiction, le renversement du stigmate, j’ai du mal à y voir autre chose que la glaçante mise en scène d’une abominable escalade criminelle. Dans tous les cas, et indépendamment de ce clip, une chose est certaine : des personnes noires peuvent nourrir des sentiments de haine à l’égard des Blancs.

Pour autant, on ne peut qualifier ce phénomène de racisme. Pourquoi ? Le racisme est un système fruit de l’histoire de dominations multiséculaires. Le racisme actuel est la conséquence de siècles d’oppression, d’esclavage, de colonisation, de théories raciales qui ont placé les Blancs au sommet de l’échelle humaine. Notre pays est allé jusqu’à codifier le statut des esclaves noirs réduits au rang de bien meubles et celui des indigènes des colonies (dont mes propres parents faisaient partie) à celui de sujets de la République, des sous-citoyens. C’est de cette histoire, pas si lointaine, que le racisme que vivent les descendants d’esclaves et de colonisés, découle.

Jamais les Blancs n’ont été visés en tant que groupe blanc par des politiques oppressives au profit de minorités non blanches et ce du seul fait de leur couleur. Jamais ils n’ont fait l’objet de théories raciales faisant d’eux des êtres inférieurs et se traduisant dans des pratiques institutionnelles. Certes des Blancs étrangers peuvent être exposés à la xénophobie, des Blancs ont été réduits à l’esclavage par le passé, des Blancs juifs ont vécu la tragédie du génocide et du racisme. Personne ne peut nier ces horreurs. Toutefois, elles n’ont jamais été justifiées du fait de leur couleur de peau blanche, les Juifs n’étant d’ailleurs pas considérés comme des Blancs dans l’idéologie nazie.

Le fait d’être Blanc n’est un désavantage ni en France, ni dans la plupart des pays (y compris en Afrique où les Blancs dominent les Noirs sur le plan économique et social). Les préjugés contre les Blancs, se caractérisent par le fait qu’ils sont un vécu individuel : chez les personnes blanches, il n’existe pas de sentiment collectif d’oppression. Elles sont rarement hantées par l’idée qu’elles peuvent subir une injustice à cause de leur couleur de peau dont elles n’ont d’ailleurs que peu conscience.

Les Blancs, présumés dominants

Lorsque ces préjugés s’expriment à leur encontre, ils sont généralement le fait de propos ou d’actes isolés. Contrairement à ceux visant les minorités, cela ne s’inscrit pas dans un processus de répétition ni dans un système national. Le fait d’être blanc, n’empêche pas l’accès à des biens ou à des services. Les Blancs qui recherchent un appartement ou un emploi ne le font pas avec la crainte d’être rejetés du simple fait de leur couleur de peau. Il est rare que l’on soit privé d’une opportunité parce que l’on est blanc. Enfin, dans un pays comme la France, être blanc n’induit jamais de remise en cause de l’appartenance nationale.

Quel que soit leur degré de stigmatisation, les individus blancs ne sont jamais présumés étrangers et leur citoyenneté n’est ainsi pas remise en cause par le racisme. De manière générale, le fait d’être blanc n’est pas associé dans l’imaginaire collectif français à des caractéristiques dégradantes. Les brimades racistes instaurent chez certains non-Blancs des complexes d’infériorité ou des sentiments d’illégitimité et un désir de ressembler à la majorité dont je doute qu’ils soient vécus dans les mêmes proportions par des Blancs.

Lorsque l’on est une minorité en France, il est impossible d’échapper au racisme. Celui-ci ne se traduit pas toujours de la même manière : il peut s’exprimer dans le cadre désagréable d’un contrôle policier injustifié, de façon violente lors d’une agression ou prendre la forme plus légère d’une plaisanterie. Il est impossible de ne pas avoir été à un moment ou à un autre de sa vie renvoyé au fait que l’on n’est pas blanc. Si l’on ne connaît pas la proportion de Blancs qui sont exposés à des préjugés liés à leur couleur, il est certain que la plupart des Blancs de France n’en font jamais l’expérience. Nombre d’entre eux n’ont d’ailleurs jamais côtoyé de minorités.

Des actes isolés ne créent pas le racisme

Des discriminations et des préjugés peuvent émaner de n’importe qui mais le racisme, produit d’une histoire de domination, est nécessairement la combinaison de la détention d’un pouvoir et des privilèges. Il n’y a pas d’équivalent entre le racisme historique et systémique perpétué en partie par des institutions contre des populations collectivement minorées et les discriminations contre des personnes blanches qui, bien que condamnables, sont commises à des niveaux individuels. Le racisme revêt non seulement une dimension interpersonnelle mais aussi, et ce contrairement aux discriminations et aux préjugés, structurelle (conséquences parfois indirectes de pratiques passées) et institutionnelle ou systémique. A cela s’ajoutent des manifestations liées au genre, à la classe sociale, à l’orientation sexuelle, au handicap, à l’âge ou à d’autres facteurs.

Même exposée à des brimades raciales, les personnes blanches en dehors d’éventuelles interactions violentes ponctuelles – et intolérables je le répète - ne sont pas réduites à leur couleur de peau. Alors que des minorités ethno-raciales sont visées par racisme protéiforme, diffus, permanent et sans échappatoire puisque la société dans son ensemble les minore. A-t-on déjà vu une seule fois une figure publique tenir des propos anti-Blancs dans les médias ? Non.


En revanche les minorités sont en permanence exposées à des propos racistes émanant d’intellectuels ou de personnalités politiques. Je me joins donc volontiers aux voix qui dénoncent les invectives anti-Blancs, et me place en solidarité avec toute personne victimes de violences du fait de sa couleur de peau, quelle qu’elle soit. En aucun cas je ne nierai la détresse qui est la leur. Toutefois, je n’entretiendrai pas cette confusion bien commode pour nos politiques : le racisme n’est pas la somme d’actes isolés aussi ignobles fussent-ils, c’est une idéologie qui opère de manière systémique et qui tue encore de nos jours sans que cela ne suscite la même controverse.

lundi 1 octobre 2018

Affaire Tariq Ramadan, une nouvelle affaire Dreyfus ?

« Comme la célèbre affaire Dreyfus, chaque jour qui passe, cela ressemble de plus en plus à un assassinat politique et non à un jugement équitable. » 

Khaled Abou El Fadl, Professeur de droit à l'Université d'UCLA

L’affaire Tariq Ramadan en France est honteuse et ignominieuse. Je ne peux plus garder mon silence devant cette grotesque parodie de justice. Depuis que des accusations de viol ont été portées contre lui en France, l'affaire Tariq Ramadan a été entachée d'irrégularités de procédure, de déni de procédure équitable et de preuves de discrimination insidieuse. Le mauvais traitement réservé à Ramadan par la justice française et le lynchage des médias français ont été si scandaleusement injustes qu'ils ont atteint le stade de la persécution pure et simple.

Alain Gabon (Professeur des Universités aux Etats-Unis ndlr) ainsi que d'autres personnes ont déjà détaillé les persécutions et les abus commis par les autorités françaises dans cette affaire. Egalement, plus d’une centaine d’éminents universitaires et savants ont signé une déclaration exigeant un traitement juste et une procédure équitable pour Tariq Ramadan.

Alors pourquoi j’écris ? Tout d’abord parce qu’en tant que musulman, je suis indigné par le silence embarrassant des organisations et des dirigeants musulmans devant le lynchage indéniable d'un éminent savant musulman. Les mêmes organisations qui avaient bénéficié auparavant de la renommée et de la célébrité de Tariq Ramadan, et qui se félicitaient de l’avoir dans la liste des intervenants dans leurs conférences et symposiums, l'ont maintenant abandonné, lui et sa famille à leur sort.

La deuxième raison pour laquelle j'écris est qu'en tant qu’étudiant d'Histoire et de Droit, le cas de Ramadan me rappelle l'affaire scandaleuse de Dreyfus dans laquelle le système judiciaire français éclairé a injustement jugé et condamné un innocent, simplement parce qu'il était juif. J'écris parce que je suis convaincu que la manière dont l’affaire Ramadan est traitée témoigne de préjugés politiques et religieux évidents. Ces préjugés expliquent les nombreuses irrégularités qui affligent les procédures judiciaires en France. J'écris aussi parce que je suis profondément troublé par le non respect de la présomption d'innocence, d’autant plus qu'il existe des preuves substantielles que Tariq Ramadan n'est pas traité comme un accusé faisant face à des accusations de viol, mais qu'il est en réalité un prisonnier politique persécuté par ses ennemis idéologiques jurés. Après avoir étudié toute une série d'affaires pénales déposées contre des violeurs présumés en France, il parait évident que le traitement réservé à Tariq Ramadan n'est pas justifié par les accusations, les allégations ou les procédures d'enquête de l'affaire.
Voici un compte rendu partiel des irrégularités et des problèmes dans cette affaire

1. Tariq Ramadan croupit en détention provisoire depuis le mois de février de cette année. Aucune date pour le procès n'a été fixée, et il n'est même pas certain qu'il y aura un procès.

2. L'affaire a été fondée sur les accusations présumées de trois femmes : Henda Ayari, Mounia Rabbouj (Marie) et Paule-Emma (Christelle). Cependant, Ramadan n'a pas été traité comme un accusé ordinaire. Sans justification aucune, l’affaire a été transférée à la juridiction du procureur général de Paris, François Molins étant une personne plutôt habituée à gérer les affaires de terrorisme dans lesquelles les suspects étaient invariablement musulmans.

3. Le traitement infligé par Molins à Tariq Ramadan ne diffère aucunement de celui réservé habituellement aux suspects terroristes. Ramadan a été placé en isolement ; ses contacts avec sa famille et ses avocats, ainsi que l’accès à ses propres dossiers ont été sévèrement restreints ; et il a été privé de son courrier et de tout droit à la vie privée.

4. De manière choquante, Ramadan a été détenu pendant des mois avant d'être autorisé à parler ou à présenter des preuves à décharge pour sa défense. Ce n'est que le 5 juin dernier qu'il a finalement été autorisé à témoigner et à témoigner en réfutation. Sur le plan juridique, pour sa détention, Ramadan a été placé dans des conditions pénibles, où sa capacité à se défendre contre les accusations est sévèrement restreinte. Le problème avec les restrictions imposées n'est pas seulement d’ordre psychologique. Ces restrictions limitent la capacité de l’accusé à mener des recherches, à se concerter avec son avocat et à se défendre sereinement contre les accusations portées. Imaginez que vous essayez de vous défendre contre des accusations graves tout en étant placés à l'isolement vingt-trois heures par jour, et que vous n’êtes autorisés à sortir de votre cellule que pour très peu de temps, que l'accès à une bibliothèque ou un ordinateur vous est refusé, tout comme l'accès à la plupart de votre courrier, à l'écriture et à la lecture ainsi que l'accès à votre propre dossier!

5. De plus, Tariq Ramadan est très malade, et il n'est pas exagéré d’affirmer que les conditions de son emprisonnement sont tortueuses. Ces conditions ont pour effet une grave détérioration de son état de santé et peuvent même conduire à sa mort. Malgré un dossier médical excessivement documenté, le tribunal français a refusé de le mettre dans un hôpital et de lui fournir les soins médicaux adéquats.

6. La présomption d'innocence signifie que nous devons présumer qu'une personne est innocente jusqu'à preuve du contraire. Mais cela n’a pas été respecté dans l’affaire Ramadan. La manière dont il est traité est semblable à celle dont les tribunaux français ont traité des personnes soupçonnées de terrorisme, où leur droit à une procédure équitable a été bafoué en raison d’une prétendue protection de la sécurité nationale.

Cependant, l’affaire Tariq Ramadan n'est pas censée être lié au terrorisme mais à des agressions sexuelles présumées. Le tribunal n’a produit aucune justification convaincante pour toutes les restrictions qui lui ont été imposées en prison. Tariq Ramadan n’est pas traité comme la plupart des accusés faisant face à des accusations similaires, qui sont libérés sous surveillance jusqu'à la date de leur procès.

Le gouvernement français a d’ailleurs récemment découvert un complot terroriste d'un groupe nationaliste blanc, l'AFO, qui projetait d’attaquer et d’assassiner des musulmans dans toute la France. Bien que les dix membres de l'AFO aient admis leurs intentions de commettre des attentats meurtriers contre des mosquées et des écoles musulmanes en France, le chef du groupe et la plupart de ses membres ont été immédiatement libérés sous surveillance. (https://lemde.fr/2LvtQZZ) Les accusés de l'AFO n'ont rien subi de ce qui a été infligé à Tariq Ramadan.

Je dois avouer que j’aurais montré moins d’empathie pour Tariq Ramadan si les preuves présentées contre lui par les trois présumées victimes étaient plus solides. La vérité est qu'à ce jour, aucune preuve crédible n'a été dévoilée contre Ramadan. La première plaignante, Henda Ayari, a présenté des récits contradictoires et incohérents, non seulement devant les tribunaux, mais aussi dans ses nombreuses apparitions dans les médias français. Entre autres, elle a menti sur sa relation avec la deuxième plaignante, et sur la coordination de leurs récits d'agression sexuelle contre Ramadan. De plus, il s'est avéré qu'elle a des relations maintenues et de longue date avec les ennemis idéologiques de Ramadan, y compris les islamophobes les plus notoires de France. Plus récemment, elle a reçu le soutien des islamophobes américains, tels que le célèbre Robert Spencer. Plus troublant encore, avec son islamophobie et ses attaques contre les musulmans, Ayari est devenue une célébrité dans les médias français et elle a exploité ses accusations contre Ramadan pour développer sa carrière.

A multiples égards, le cas de la deuxième plaignante (appelée Christelle) est plus alarmant. Il a été prouvé qu’elle était une militante du « suprématisme français blanc ». Ce courant a une longue expérience dans la défense des pogroms génocidaires contre les musulmans en France et en Europe, et semble avoir développé une haine compulsive contre Tariq Ramadan. Comme Ayari, «Christelle» a entretenu une relation de longue date avec Caroline Fourest, l'ennemie jurée de Ramadan et l'auteure de « Frère Tariq », un livre islamophobe publié en 2008. Comme Ayari, son témoignage a été contradictoire, incohérent et sans fondement.

Quant à la troisième accusatrice (appelée Marie), elle ne peut plus être considérée comme une plaignante. Ses accusations étaient tellement faibles que même le tribunal français, qui a jusqu’ici ignoré les incohérences et les contradictions des autres plaignantes, a été forcé de rejeter son cas. Lors de l'audience du 5 juin, l'avocat de Ramadan a présenté de nombreux éléments qui prouvent qu’il s’agissait de mensonge pur et simple. Le cas de (Mounia) est désormais exclu. Ainsi, Ramadan reste détenu à l'isolement et continue de subir un traitement réservé normalement aux personnes soupçonnées de terrorisme, en raison des accusations non fondées portées par deux plaignantes non crédibles, Ayari et Christelle
Déni de procédure équitable

Permettez-moi d’exprimer mon avis aussi clairement que possible : cette affaire a surtout révélé un problème de discrimination. Aucun autre accusé faisant face à des charges similaires n’a subi le traitement réservé à Tariq Ramadan. Il s’agit incontestablement d’un déni de procédure équitable. Les conditions de sa détention l’empêchent effectivement d’assurer sa défense. Egalement, le lynchage subi par Ramadan et sa famille de la part des médias français s’apparente indéniablement à de la persécution. Il y a des preuves cumulatives qui démontrent que les détracteurs politiques de Ramadan ont conspiré avec les plaignantes pour produire des récits non corroborés et très souvent incohérents et contradictoires d'agression sexuelle.

De plus, l'État Français a été complice de l'exploitation de l'opportunité offerte par les accusations portées par deux femmes très suspectes contre un intellectuel musulman public, qui a pendant des années dérangé le gouvernement français. A l’instar du « Muslim Ban » qui a été récemment validé par la Cour suprême des États-Unis, il existe de nombreuses preuves d’une motivation antimusulmane qui sont commodément ignorées par la justice française. Compte tenu des antécédents de la justice française jusqu'à présent, il est permis de douter que le système français soit en mesure de garantir à quelqu'un comme Tariq Ramadan un procès juste et équitable. Comme la célèbre affaire Dreyfus, chaque jour qui passe, cela ressemble de plus en plus à un assassinat politique et non à un jugement équitable.

Dans l'Affaire Dreyfus, un homme innocent a dû être condamné et emprisonné pendant des années avant que les Juifs français réalisent que les valeurs de la République Française de liberté, égalité et fraternité ne les incluaient pas, et qu'en tant que citoyens, ils avaient un statut de seconde classe. Cependant, l’affaire Dreyfus a permis aux Juifs de France et d'Europe de prendre conscience de la nécessité de revendiquer agressivement la dignité et l'égalité des droits en tant que citoyens, et de ne pas hésiter à exiger leur droit en tant que peuple. L'affaire Dreyfus a également été un événement transformateur dans l'histoire de la communauté juive européenne car elle a convaincu de nombreux intellectuels juifs de devenir conscients de leur identité collective, de leur dignité et de leur solidarité avant de pouvoir espérer obtenir des droits égaux en tant que citoyens.

L'affaire Ramadan a cruellement dévoilé l’impuissance et la fragilité politique des musulmans dans toute l'Europe. Il est légitime de se demander si les musulmans ont conscience de ce terrible constat et ce qu’il faudrait faire le cas échéant. Je dois dire que je ne peux pas résister à la pensée plutôt sombre qu'un peuple qui ne reconnaît pas l'importance de soutenir ses plus brillants penseurs quand ils sont injustement traités et privés de droits fondamentaux, aura du mal à gagner le respect en tant que peuple.

Tribune de Alain Gabon : Tariq Ramadan, Mennel, Diallo ou le racisme islamophobe à la française.

dimanche 30 septembre 2018

Il n’y aura jamais de paix sans l’établissement d’un Etat palestinien dans les frontières du 4 juin 1967

L’assemblée générale de l'ONU a été une nouvelle fois l’occasion d’une passe d’armes entre le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et le président de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Salmane El-Herfi, représentant de la Palestine en France, revient sur ces échanges pour RT France


Salmane El-Herfi, ambassadeur de la Palestine en France, était l’invité de RT France ce 29 septembre. Revenant sur l’intervention de Mahmoud Abbas à la tribune des Nations unies, il a estimé que cette énième évocation du conflit israelo-palestinien dans l’enceinte de l’organisation était nécessaire afin de mettre un terme à une «campagne médiatique mensongère» menée, selon lui, par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et l’administration américaine. Il a en outre qualifié la politique menée par Donald Trump de «catastrophe».
Il n’y aura jamais de paix sans l’établissement d’un Etat palestinien dans les frontières du 4 juin 1967.



Interrogé sur le rôle que devrait jouer la communauté internationale pour mettre un terme au conflit, l’ambassadeur de Palestine a estimé que la protection de la population civile palestinienne devrait constituer l'une de ses priorités :
«C’est le devoir du Conseil de sécurité […] de protéger les peuples qui sont désarmés […] et opprimés. Il ne faut pas faire du deux poids deux mesures…» 
Assurant que la Russie, la France ou encore l’Inde avaient la volonté de résoudre le conflit, il a toutefois regretté que le conseil de sécurité demeure prisonnier du veto américain.
«Il n’y aura jamais de paix sans l’établissement d’un Etat palestinien dans les frontières du 4 juin 1967 [héritées de la guerre des Six-Jours]»
, a-t-il conclu. 

mercredi 26 septembre 2018

"Tu vois Hapsatou combien la République est minuscule devant Zemmour" par Magyd Cherfy

L'écrivain Magyd Cherfy prend la plume pour soutenir Hapsatou Sy entrepreneuse et animatrice de télévision. 

Magyd dénonce également le silence de la classe politique et médiatique si prompt dans leur soit-disante défense des valeurs républicaines à s'emparer de sujets stériles et futiles. 

Un texte éclairant sur les jeux cyniques des camelots et tartuffes de la République !




Hapsatou, oh belle courageuse, oh belle noire, oh joli prénom ! Gloire d’une France qui ne s’est pas levée pour toi. Aucun écho médiatique puissant pour dénoncer la lâcheté médiatique, aucune célébrité pour dire fuck Ardisson ! Aucun politique pour lancer un «Viva Africa» au nom des soldats noirs morts pour le pays et qu’aucune stèle digne de ce nom ne salue, aucun signe sur le drapeau pas même une tresse sur la chevelure à Marianne.
Tu vois Hapsatou combien la République est minuscule devant Zemmour ! Que valent tous ses principes face à l’insulte de cette face de musaraigne, je rappelle…
— Votre prénom est une insulte pour la France
— Trop fort, Eric, t’es bien plus fort que toutes les lois qui régissent notre hexagone.
Hapsatou, tu as eu ce jour-là trois ennemis, les premiers : les chroniqueurs qui ont abandonné ton cadavre encore chaud sur le bas-côté, z’ont juste mis un coup de pied pour que tu disparaisses tout à fait dans la tranchée. Ces chroniqueurs qui continuent de chroniquer toute honte bue chez Ardisson, désormais feulent, sont devenus des hyènes. Et pour ceux qui «insultent la France» par leur prénom je préfère cacher mon dégueulis au fond du jardin.
Ton deuxième ennemi ? Zemmour bien sûr. Dire que ça rime avec amour, j’ai la gerbe.
Qu’est Zemmour au fond ?
Il n’est qu’un produit qui se vend lui-même et il vend l’infamie (fallait y penser). Il n’est pas raciste ou imbécile à la base, c’est ce qui est singulier. Il l’est devenu quand le concept a payé et c’est le concept qui l’a aliéné. Pour des artistes on dit «il a pris la grosse tête», pour Zemmour on a pas trouvé la formule.
L’important pour ce genre d’individu c’est plus «ce qui paie» qu’autre chose qui excite. Il ne provoque qu’à la condition d’un retour sur investissement car se faire traiter de raciste a son prix. C’est le salarié de l’infamie.
— Ok pour dire l’horreur, tu paies combien ?
La sympathie, l’empathie, la gentillesse, Zemmour il est pas contre mais ça remue pas les tripes, c’est de la merde. Par contre dire qu’un arabe est un criminel en puissance et le noir un singe sympa, ça ! Ça vous secoue l’humain normalement constitué. Et «l’humain normalement constitué» est le gibier favori de ce rusé calé au-dessus de la moyenne. Zemmour, c’est son intelligence plus qu’une névrose qui le constitue, il est bêtement malin (si je puis m’exprimer ainsi).
Mais la ruse a des inconvénients, elle vous dévore et devient une fin en soi. A force de louvoyer avec ses neurones il a fini par se mordre le zizi et s’aperçoit qu’on peut vivre sans et décide de vivre sans, de bander par d’autres organes. C’est son sacrifice à lui.
La preuve, on a fini par conclure qu’il dit tout haut ce que les autres pensent tout bas. Là encore il s’agit d’un slogan, d’un concept publicitaire et on est gêné parce que ça ressemble à la réalité et «ressembler» suffit à convaincre.
Que beaucoup de Français soient racistes cela me semble crédible mais c’est loin d’être la majorité et là encore cela suffit. Quant à la minorité dégueulasse, elle est assez importante pour vous porter aux nues, faire de vous une vedette du petit écran, voire un résistant de l’invasion arabe et à la fin cela fait de lui un petit millionnaire de l’infamie. N’oublions pas que c’est pas toujours la majorité qui gagne, une minorité importante suffit à déstabiliser nos principes et c’est le joker de ce fin joueur.
Ton troisième ennemi c’est Ardisson, ce neurone éventré, cet invertébré vertical.
Il y a quelques années nous étions invités avec Zebda à sa crade table et quand je me suis installé devant ma télé, oh effroi, nous avions disparu. Il a réussi grâce à un astucieux montage à nous faire disparaître. Pas totalement car il restait au final cut des bouts de crâne, des cheveux frisés, un quart de joue, une demi-lèvre. Nous étions bien sur le plateau et dans le même temps totalement absents. Nous ne lui avions pas plu. On ne racontait rien qui eut pu faire un «buzz» et pour ces gens-là, pas «buzzer» est une ineptie, une non-existence. Ce méchant nous a éliminés car nous n’aidions pas à sa gloire. Nous n’existions plus parce que nous n’étions rien d’autre que le contraire de Zemmour. Nous étions des gens comme toi Hapsatou, des gens «normalement constitués».
Au fait, Zemmour, en kabyle, ça veut dire olive.
Il est dans mon calendrier.
Magyd Cherfi Chanteur de Zebda, écrivain