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jeudi 18 décembre 2014

A lire : Contre Zemmour, Réponse au Suicide français



 « La France se couche, la France se meurt », écrit Éric Zemmour dans Le Suicide français, propulsé au rang de best-seller. 
Parce qu'ils portent toutes les valeurs qu'il combat, les écologistes représentent le mal absolu pour Éric Zemmour, ce qui leur procure l'avantage d'être les mieux outillés pour lui répondre. 
Dans ce livre, Noël Mamère et Patrick Farbiaz décodent le langage et les écrits de ce porte-étendard de la réaction et de ses inspirateurs. 
Ici, ils proposent un autre récit collectif de la France, fondé sur l'acceptation de l'autre et l'émancipation humaine plutôt que sur la peur. 




Extrait



Noël Mamère est député de Gironde et maire de Bègles, membre de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale.

Patrick Farbiaz est attaché parlementaire, militant écologiste et altermondialiste, créateur de la Semaine anticoloniale et antiraciste.

Paru le 27 novembre 2014 aux éditions Les Petits Matins
88 pages  
7,50 €uros 


5 commentaires:

  1. Monsieur Zemmour, la République, on l’aime ou on la quitte ...

    Vous prétendez aimer la France, mais vous en haïssez le véritable peuple, quand un quart d’entre nous a un grand parent né à l’étranger.

    «La République est envahie par les réactionnaires de tous genres, ils l’adorent d’un brusque et terrible amour, ils l’embrassent pour l’étouffer.» (Emile Zola, Lettre à la France, 7 janvier 1898).

    Nous sommes patriotes. Nous aimons la France, autant que nous aimons la République, parce que, pour nous, la France est République ou elle n’est pas. Nous sommes patriotes parce que nous chérissons les valeurs républicaines d’égalité des droits, de liberté, d’émancipation et de laïcité.

    Monsieur Zemmour, ceux qui, comme vous, se font les prêcheurs des idéologies du déclin et prédisent le «grand remplacement», n’aiment pas la France.

    En faisant des musulmans de France des bouc émissaires, vous reniez les valeurs républicaines de notre pays. Vous vous accrochez aux stigmates des périodes les plus sombres de notre histoire, pour ériger en modèle votre propre système, antirépublicain, raciste et xénophobe… Non, l’islamophobie n’a pas sa place dans la République !

    Vous voudriez nous faire croire que la France appartient à une certaine religion et à une certaine «ethnie», à ce que certains acclament comme un peuple exclusivement constitué par des «Français de souche», mais qui n’est rien d’autre que le fruit de leurs fantasmes, déconnecté de ce qu’a été l’histoire de France.

    Nous répondons que la République, c’est la puissance du vivre-ensemble, grâce à des valeurs, qu’il n’y a d’autre peuple que l’assemblée de tous les citoyens français. L’essentialisme culturel et ethnique n’a pas sa place dans notre République !

    Vous prétendez aimer la France, mais vous en haïssez le véritable peuple, quand un quart d’entre nous a un grand parent né à l’étranger. Le discours prononcé par François Hollande inaugurant la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI) a permis de rappeler comment se construit une nation : par les échanges, par les apports extérieurs, par le contact…

    A suivre ...

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  2. Suite ...

    «La France est diversité» précisait Braudel. Elle est le plus ancien pays d’immigration en Europe.

    Sa force, c’est son métissage grâce auquel elle a pu grandir, se réinventer et enrichir sa culture. Le nier, c’est attaquer la France, c’est renier la tradition française, c’est être antipatriote.

    Etre Français et être Républicain ne se décrète pas par le sang, mais se définit par une adhésion commune à des principes qui nous dépassent, à ces valeurs transmises par l’Ecole de la République.

    Vous vous attaquez aux droits fondamentaux du peuple français, issus d’une histoire commune et garantis par le Préambule de la Constitution : «Au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d’asservir et de dégrader la personne humaine, le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés».

    Cette histoire commune, c’est celle des conflits mondiaux du XXe siècle, c’est celle des 100 000 soldats musulmans morts pour la France, tirailleurs algériens, marocains, tunisiens ou sénégalais. Non M. Zemmour, lorsque vous bafouez la mémoire nationale, vous n’aimez pas la France.
    En déclarant la guerre à une sorte «d’ennemi intérieur», vous vous inscrivez dans la tradition de l’extrême-droite réactionnaire, qui a toujours nié l’égalité des humanités et l’égalité des possibles. Vous rêvez d’attiser la haine et les rancœurs d’une France contre l’autre. Vous mettez en danger la démocratie fondée sur le pacte social républicain. Ne soyons pas dupes et écoutons les mots de Montaigne. «Une injustice faite à un seul est une menace faite à tous».

    Tribune publiée aujourd'hui dans Libération signée par :

    Yann GALUT Député PS du Cher, fondateur et porte-parole de la Gauche forte, Mehdi Thomas ALLAL Délégué général de la Gauche forte, Colette CAPDEVIELLE Députée PS des Pyrénées-Atlantiques, Alexis BACHELAY Député PS des Hauts-de-Seine et porte-parole de la Gauche forte, Marie-Anne CHAPDELAINE Députée PS d'Ile-et-Vilaine et David ABDELKADER-CORRICHONS Membre de la Gauche forte

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  3. Je signe des deux mains !

    Abdelhamid

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  4. Zemmour n'est pas le problème

    (1/2)

    Le racisme «ordinaire» dans les médias grand public s’est transformé en une dangereuse course à l’échalote. Le talk, véritable match de catch, a imposé ses boucs émissaires, ses codes, son ton, ses athlètes.

    Le flot de haine déversé par Eric Zemmour à longueur d’antennes et d’ondes n’est pas nouveau dans l’histoire de France. L’opinion publique a toujours été préparée en amont par des trublions, aux moyens intellectuels ou technologiques plus ou moins importants, pendant les crises économiques et plus récemment en amont des grandes échéances électorales.

    Depuis le milieu des années 90, la normalisation d’un discours de rejet à caractère raciste, d’abord implicite, ensuite très explicite, a fini par rendre banales des prises de positions extrémistes, nauséabondes, sous couvert de liberté d’expression et de lutte contre le politiquement correct, faisant oublier que le racisme n’est pas une opinion, mais un délit, une idéologie mortifère, un virus contagieux, rémunérateur à court terme et abject moralement.

    Ce racisme «ordinaire» dans les médias grand public s’est transformé en une dangereuse course à l’échalote. Le talk, véritable match de catch, a imposé ses boucs émissaires, ses codes, son ton, ses athlètes. C’est le journalisme de la punchline, de l’uppercut.

    Chaque athlète gère sa petite entreprise en déclinant son merchandising sur la base du naming : livres, conférences, dîners, événementiels. La fabrication de l’opinion se fait désormais à travers ces joutes, par identification et surtout par la légitimation de propos orduriers infusés dans le débat, sans complexe et sans réelle contradiction.

    Idées et prises de position validées, parfois, par des responsables de partis républicains, des anciennes vedettes de cinéma sur le déclin ou des commentateurs sportifs… Toutes les tentatives d’explication de la complexité, par des voix dissonantes, sont disqualifiées, méprisées et renvoyées dans le domaine de la «ringardise» poussiéreuse.

    La place médiatique s’est substituée à la place publique physique. Les partis politiques, les grands courants de pensée, l’école, l’éducation populaire, les syndicats et même, parfois, les familles ne peuvent plus faire face à cette arme de destruction massive. L’infanterie des éditorialistes réacs est sans pitié en matière de décervelage quotidien, sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, utilisant tous les modes : print, hertzien, numérique.

    On lacère, on pilonne, on bafoue, pour entretenir l’atmosphère anxiogène nécessaire au petit commerce de la peur.

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  5. (2/2)

    Ce n’est donc pas Eric Zemmour le problème central. La justice a déjà fait son travail le concernant : il a été condamné pour provocation à la haine raciale en 2011. C’est du côté des responsables des groupes de presse et des différents cercles qui lui déroulent le tapis rouge, qu’il faut braquer les projecteurs.

    Il faut interroger les objectifs qu’ils poursuivent en lui offrant des tribunes et des estrades pour haranguer les foules. Mieux vaut perdre une élection que son âme disait, jadis, un homme politique. La formule opère aussi en matière d’audimat, dans un univers féroce. L’éviction de Zemmour n’est pas une entorse à la liberté d’expression. Dans son cas, parler de censure est un oxymore. L’inventaire de ses collaborations professionnelles ou de ses interventions médiatiques est long comme une file d’attente de préfecture.

    Cette éviction est une prise de conscience salvatrice de la part de la direction d’une chaîne voyant son propre monstre lui filer entre les mains, jour après jour, dégringolant consciencieusement vers les affres du lugubre. Après avoir joué avec le feu en nourrissant la bête, i-Télé, craignant l’intoxication mortelle avec les particules racistes hebdomadaires de sa créature, s’en est débarrassé, pour sauver ce qui lui reste comme conscience, après l’épisode scabreux d’un autre membre de sa team de souffleurs de braises devenu maire d’une ville.Mieux vaut tard que jamais. Dont acte.

    La liberté d’expression dispose d’un préalable : le respect de la dignité des citoyens, de tous les citoyens. C’est une condition inaliénable du débat démocratique, afin de proscrire les outrances idéologiques, à l’origine des séquences les plus tragiques de notre histoire.


    Tribune publiée sur le site de Libération par
    Nordine NABILI Directeur du Bondy Blog


    http://www.bondyblog.fr/

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