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samedi 11 juillet 2015

Vingtième anniversaire du massacre de Srebrenica

Survenu en juillet 1995, le génocide de Srebrenica, selon les termes de la justice internationale, a coûté la vie à quelque 8000 musulmans bosniaques, le massacre le plus sanglant commis en Europe depuis la seconde guerre mondiale

 

Le récit du génocide


En mai 1995, le Conseil de sécurité décide de ne pas renforcer la défense de Srebrenica face aux menaces de prise de la ville par les forces Serbes. D'une part, la protection de petits paysans et d'ouvriers, de surcroît musulmans, est jugée comme trop coûteuse. D'autre part, il est très probable que les grandes puisssances ont donné leur feu vert en 1991 déjà pour l'exécution du plan de partage de la Bosnie-Herzégovine concocté par Milosevic, avec l'assentiment de Tudjmann, le président Croate. La meilleure preuve en est que malgré le génocide et sa triple reconnaissance, la région de Srebrenica et tout l'est de la Bosnie (à l'exception de Gorazde qui a résisté) a été donné comme convenu en 1991 à la "République Serbe de Bosnie" lors des "Accords de Dayton". Il n'est pas vrai (c'est un classique de la propagande Serbe) que "l'armée" de Naser Oric aurait quitté Srebrenica quelques temps avant la prise de Srebrenica. Seul Naser Oric et quelques officiers ont quitté Srebrenica, appelés à Tuzla pour un cours de formation.

Le 11 juillet, seuls quelques centaines d'hommes ont accompagné leurs familles à Potocari, où ils ont été capturés au cours des jours suivants par les sbires de Mladic et exécutés, tout comme une centaine de femmes et d'enfants.

Le 13 juillet, la grande majorité des femmes, enfants et vieillards ont été amenés en autocars vers la ligne de front vers Kladanj, traversé après quelques kilomètres à pied. Le soir du 11 juillet, 14.000 hommes, dont  environ 2000 sont armés (en majorité de fusils de chasse) se réunissent à la limite nord de la "zone de sécurité" et se mettent en marche.

Le 12 juillet, plusieurs milliers d'hommes sont tués et blessés par des salves d'obus et mitraillages. Les survivants, dispersés, perdent le contact avec la tête de la colonne, quelques 4500 hommes qui arrivent à rejoindre le Mont Udric (à mi-parcours de ce trajet de fuite de 104 km.).

Dès le 12 aussi, mais surtout le 13 juillet, les survivants de l'arrière sont victimes d'armes expérimentales de type LSD, qui bien que non-létales, a facilité leur capture. C'est ainsi que plusieurs milliers de prisonniers, quasi tous des civils, sont conduits à Kravica et Nova Kasaba et exécutés en masse par des milices spéciales aux ordres de Belgrade et notamment de Jovan Stanisic. chef des services secrets Serbes et agent de la CIA... Ce Jovan Stanisic accompagnait Milosevic à Dayton pour achever le dépeçage de la Bosnie en deux "entités"...

La volonté de génocide s'est vérifiée jusqu'au bout, puisque le commandement Serbe a refusé de laisser passer la colonne des quelques 4600 survivants qui sont arrivés le 17 juillet en vue du territoire libre vers Nezuk, après avoir réussi à capturer un officier Serbe qui a été d'accord pour négocier la sortie de ces hommes externués. Plusieurs centaines d'hommes ont ainsi été tués dans une ultime bataille, qui a permis aux 4200 survivants de franchir les trois lignes Serbes et de rejoindre Nezuk où ils ont été accueillis par les habitants et Naser Oric qui a contribué avec 200 volontaires arrivés de Tuzla à forcer la première ligne Serbe.

La question que l'on peut se poser est pourquoi c'est Naser Oric et non pas l'Armée Bosniaque  en tant que telle ? Il y a des points à éclaircir. Ceci dit, Naser Oric n'est magré son rôle libérateur pas exempt de côtés problématiques.

Environ 2000 hommes, tous des civils, ont réussi à franchir les lignes Serbes, par petits groupes, au cours des semaines et mois suivants. En effet, suite à la bataille finale du 17 juillet qui a permis le passage de la ligne de front sous Nezuk d'environ 4000 hommes qui ont réussi de rester en colonne, les forces Serbes ont resoudés leurs lignes, empêchant les petits groupes qui sont arrivés après de passer. Ceux-ci ont donc reflué vers l'intérieur, se cachant dans les forêts et montagnes, harcellés par des militaires Serbes qui utilisaient des chiens pour les débusquer. Ces hommes ont donc vécu durant des semaines ou même durant des mois en se cachant le jour et cherchant de la nourriture durant la nuit, jusque dans les hauteurs de Srebrenica, où ils trouvaient notamment des légumes. Des groupes ont même réussi à se préparer de la viande grillée de vache.

Après cinq jours de massacre, les corps sont enterrés dans trois ou quatre immenses charniers. Mais Ratko Mladic réalise qu'il serait catastrophique pour lui si l'ONU venait à découvrir ces charniers. Alors il les fait rouvrir au tractopelle afin d'éparpiller les milliers de corps dans des charniers plus nombreux et plus distants. Mais la communauté internationale apprend très rapidement l'ampleur du carnage, et cet événement marquera en effet la fin de l'offensive serbe, puisque l'OTAN prendra le relais de l'ONU.

Ivar Petterson  
Président de l'assocation Solidarité Bosnie-Genève

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