Avec le Grand Paris, les communautés d'agglomération vont disparaître. Plusieurs villes du 92 s'organisent et veulent fusionner les agglos pour ne pas se faire imposer de nouvelles limites. Quitte parfois à forcer la main aux voisins...
Quel avenir commun pour les villes du sud des Hauts-de-Seine ? La disparition annoncée des communautés d'agglomération de la petite couronne, avec la création de la métropole du Grand Paris au 1er janvier 2016, attise déjà les conflits.
A la place, des « territoires » d'au moins 300 000 habitants devront être constitués. La bataille des frontières a commencé avec le coup de force des Hauts-de-Bièvre, qui ont voté vendredi dernier un projet de fusion avec les agglos voisines de Châtillon-Montrouge et Sud de Seine. Sans aviser cette dernière : « Je n'ai même pas été contactée, ce sont les élus d'opposition qui m'ont prévenue ! », proteste sa présidente, Marie-Hélène Amiable, maire (PCF) de Bagneux, qui dénonce la manoeuvre. Poussée à son tour à envisager l'avenir, Sud de Seine a décidé mercredi soir d'ajouter un scénario complémentaire, celui de la Vallée Scientifique de la Bièvre (voir infographie ci-dessous). Chacune des quatre villes concernées doit débattre et choisir l'un des deux scénarios, avant un vote communautaire.
Le forcing des Hauts-de-Bièvre. En anticipant le redécoupage, la communauté d'agglomération des Hauts-de-Bièvre (Cahb) force la main du préfet, qui doit dans les deux mois recueillir l'avis des autres communes, et veut peser sur la décision finale. « Nous ne sommes pas des pions que l'on déplace », insiste Georges Siffredi, le président (UMP) de la Cahb, qui tient surtout à rester en petit comité. « Avec 300 000 habitants -- contre 600 000 pour la Vallée --, on peut encore parler de proximité, estime-t-il. Au-delà, ce n'est plus possible. »
« Certes, il faut avoir une taille raisonnable pour peser dans les débats, reconnaît Laurent Vastel, le maire (DVD) de Fontenay, dont la ville, qui votera le 1er octobre, se retrouverait idéalement placée au centre du nouveau territoire. Mais si l'on est plus gros, des groupes politiques et des clivages vont se créer. Et nous faire perdre du temps. » Sud-Est 92 est « la solution de bon sens » pour Jean-Didier Berger, maire (UMP) de Clamart, qui votera lundi prochain. « Il est plus facile de se faire entendre dans un dispositif d'une dizaine de communes qu'à vingt ! », insiste l'élu, soucieux de continuer à défendre les intérêts de sa ville.
Une Vallée déjà dessinée. Bagneux s'est prononcé mardi soir et sans surprise en faveur de la Vallée Scientifique de la Bièvre. Ce pôle, qui associe déjà 18 communes des Hauts-de-Seine et du Val-de-Marne, est reconnu comme axe stratégique de la métropole. Et Bagneux est actuellement associée à ses voisines du Val-de-Bièvre dans le contrat de développement territorial (CDT) « Campus Sciences et Santé », qui fut la première déclinaison locale du Grand Paris. « On travaille dessus de longue date, il y a une vraie cohérence. C'est mieux que de rester entre nous dans les Hauts-de-Seine ! », défend Marie-Hélène Amiable. A Malakoff, qui se prononce mardi prochain, la maire (PCF) Catherine Margaté défend le même choix : « Il y a déjà un vrai projet de territoire, axé sur le développement économique et la réduction des inégalités. »
Une manœuvre politique ? Qu'il accueille les communes du Val-de-Bièvre ou non, ce futur territoire sera majoritairement orienté à droite, au moins jusqu'aux prochaines municipales. Des proches du dossier affirment toutefois que des dissensions existent entre les élus des Hauts-de-Seine et ceux du Val-de-Marne. « C'est aussi une manière de rester entre Alto-Séquanais, à l'heure où on parle de disparition des départements », poursuit un observateur.
Un découpage prématuré ? Pour l'heure, les compétences de ces territoires n'ont pas été définies. Une mission de préfiguration, constituée d'élus locaux, doit rendre ses propositions mardi prochain. Le préfet de région doit, lui, présenter début 2015 l'ébauche d'un redécoupage. Et il est peu probable que des décisions soient prises avant les élections cantonales, en mars prochain. « La démarche est prématurée, assène Marie-Hélène Amiable. Rien n'est réglé, parlons d'abord compétences et financement, après on travaillera sur les périmètres ! »
Le Parisien (article à retouver ici)
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