Demain, si tout se passe comme prévu l'atterrisseur Philae devrait être largué depuis la sonde spatiale Rosetta sur la comète Churyumov-Gerasimenko, à 510 millions de kilomètres de la Terre après un voyage de 10 ans dans l'espace.
67P Churyumov-Gerasimenko
Découverte en septembre 1969
En septembre 1969, l’astronome Klim Ivanovic Churyumov se trouve avec quelques collègues à l’Institut d’astrophysique d’Alma Ata au Kazakhstan pour une mission consacrée à des observations cométaires. Le 20 septembre, alors qu’il examine une photographie du champ céleste où il pense trouver la comète périodique 32P Comas Solá, photographie prise quelques jours auparavant par Svetlana Ivanovna Gerasimenko, Klim Churyumov repère une petite tache d’aspect cométaire près du bord de l’image.
Quelques jours plus tard, de retour à Kiev, et après quelques recherches, Klim Churyumov comprend qu’il s’agit en fait d’une nouvelle comète et il retrouve sa trace sur plusieurs images, ce qui permet de calculer la forme de son orbite et de déterminer qu’il s’agit d’une comète périodique, la 67e identifiée.
De la famille des comètes de Jupiter
La comète 67P Churyumov-Gerasimenko appartient à la famille des comètes de Jupiter, des corps dont l’orbite est contrôlée par l’attraction gravitationnelle de la planète la plus massive du Système solaire. Le noyau de la future 67P Churyumov-Gerasimenko appartenait à la ceinture de Kuiper, qui s’étend au-delà de l’orbite de la planète Neptune, et des perturbations gravitationnelles ont provoqué son éjection de cette zone périphérique du Système solaire. Il a alors dérivé vers le Soleil avant d’être attiré par Jupiter et de se placer sur une orbite elliptique lointaine autour de notre étoile.
Lorsqu’elle passe au plus près du Soleil – son périhélie – la comète 67P Churyumov-Gerasimenko est encore à plus de 1,2 unité astronomique de lui, soit au-delà de l’orbite de la Terre. Elle a été observée à chacun de ses retours près du Soleil depuis sa découverte (1976, 1982, 1989, 1996, 2002, 2009), si bien que les astronomes savent comment elle se comporte généralement au périhélie et estiment que la recrudescence de son activité ne devrait pas mettre la sonde Rosetta en péril lorsque celle-ci sera en orbite autour de son noyau.
Un noyau plus noir que l'asphalte
Les observations réalisées ces dernières années, avec des instruments comme le télescope spatial Hubble, indiquent que la densité du noyau de 67P Churyumov-Gerasimenko est inférieure à celle de l’eau. Il s’agit sans doute d’un agrégat de différents matériaux, essentiellement de la glace d’eau et des grains de silicates. Les astronomes s’attendent à ce que la surface du noyau soit recouverte d’un dépôt de matériaux organiques plus noirs que du charbon comme c’est le cas pour les autres noyaux cométaires déjà survolés par des sondes. La surface de la comète de Halley ne réfléchit que 4 % de la lumière et celle de la comète Borrelly moins de 3 %, elles sont donc plus sombres que de l’asphalte.
Entre le 11 et le 12 mars 2003, le télescope spatial Hubble a pris 61 images de 67P Churyumov-Gerasimenko. En isolant l’éclat du noyau de celui de la chevelure, l’astronome français Philippe Lamy (LAM) et ses collègues sont parvenus à créer un modèle 3D du noyau qui mesurerait 3 x 5 km environ. Ils estiment en outre qu’il tourne sur lui-même en près de 12,4 heures, une valeur confirmée au printemps 2014 par les observations de la caméra OSIRIS-NAC de Rosetta.
Comète 67P Churyumov-Gerasimenko
Année de découverte : 1969 (20 septembre)
Découvreurs : Klim Ivanovic Churyumov et Svetlana Ivanovna Gerasimenko
Période orbitale : 6,44 ans
Période de rotation : 12,4 heures environ
Distance au plus près du Soleil (périhélie) : 186 millions de kilomètres, soit 1,24 ua
Distance au plus loin du Soleil (aphélie) : 850 millions de kilomètres, soit 5,68 ua
Excentricité : 0,64
Inclinaison de l’orbite : 7,04°
Décryptage des noms de la mission Rosetta…
• Rosetta
Première sonde spatiale à se
placer en orbite autour d'une comète et surtout, première qui a envoyé
un module sur le sol même de l'astre, Rosetta doit son nom à la pierre de Rosette. Ce fragment d'une stèle de l'Egypte antique avait, au début du XIXe
siècle, permis à Champollion de décrypter le mystère des hiéroglyphes.
Aujourd'hui, les astronomes de la mission Rosetta espèrent trouver sur
la comète les particules qui pourraient être à l'origine de la vie sur
Terre…
• Philae
Avant d'être un laboratoire de chimie spatiale, Philae
était une île située sur le Nil, vouée au culte de la déesse Isis. Le
malheureux bout de terre a été submergé par les eaux lors de la mise en
service du barrage d'Assouan. Un obélisque, retrouvé sur cette île, a
également aidé Champollion à résoudre le mystère de l'écriture
égyptienne. C'est une adolescente italienne qui, dans le cadre d'un
concours organisé par l'Agence spatiale européenne, a proposé ce nom pour le module spatial.
• Aguilkia
Avant d'être le site ciblé par Philae,
Aguilkia est une île située sur le Nil. Elle a servi en 1974 de refuge à
des temples, initialement situés sur l'île menacée de Philae, et
déplacés. L'Aguilkia de la comète s'est d'abord appelé «site J». Après
l'avoir désigné pour accueillir Philae, l'Agence spatiale européenne a
organisé un nouveau concours pour choisir son nom. Parmi plus de 8.000
propositions venues de 135 pays, c'est le nom proposé par un Français
qui a gagné.
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