Selon l'OCDE, la hausse des inégalités des vingt dernières années a un impact sur la richesse (-8,5% de PIB) dans les pays développés. L'organisation met l'accent sur l'impact négatif sur l'éducation.
Le constat est alarmant. Les inégalités ne cessent de se creuser et pèsent sur la croissance. «Jamais en trente ans, le fossé entre riches et pauvres n'a été aussi prononcé dans la plupart des pays de l'OCDE», constate l'organisation internationale dans une nouvelle étude publiée ce mardi.
Aujourd'hui, dans le club des pays développés, le revenu des 10% les plus fortunés est 9,5 fois plus élevé que celui des 10% les plus pauvres, contre un rapport de 7 à 1 dans les années 1980.
Autre indicateur, le coefficient de Gini qui mesure les inégalités - dont le taux varie de 0 pour une égalité absolue à 1 lorsque le revenu est concentré par une seule personne - est passé de 0,29 à 0,32 en 2011-2012. Il a grimpé dans 16 pays de l'OCDE, jusqu'à 5 points aux États-Unis, en Israël, en Nouvelle-Zélande et, phénomène plus surprenant, dans la Suède et la Finlande, pays nordiques réputés plus égalitaires grâce à leurs systèmes sociaux.
Les effets négatifs de la pauvreté sur la croissance
Plus inédit, l'OCDE s'attache à montrer les effets négatifs de la pauvreté sur la croissance. «Une aggravation des inégalités de 3 points de Gini - soit la moyenne des pays de l'OCDE sur les vingt dernières années - ferait perdre 0,35 point de croissance sur vingt-cinq ans, soit une perte cumulée de PIB de 8,5% à terme, chiffre le rapport. Dans le détail, cela a coûté plus de 10 points de croissance au Mexique entre 1990 et 2010 et à la Nouvelle-Zélande, près de 9 points au Royaume-Uni, à la Finlande et à la Norvège, de 6 à 7 points aux États-Unis, à l'Italie et à la Suède. En revanche, en France, en Espagne et en Irlande, la situation plus égalitaire d'avant crise a permis une hausse du PIB par habitant.
Le niveau d'éducation baisse chez les plus démunis
L'impact négatif ne vient pas uniquement des 10% les plus pauvres mais plus largement des 40% de foyers modestes. Il se traduit par une baisse de pouvoir d'achat et de consommation. Dans cette étude, l'OCDE met surtout l'accent sur les conséquences en matière d'éducation. «Dans les pays les plus inégalitaires, insiste Stefano Scarpetta, le directeur de la division emploi, les ménages les plus démunis sous investissent dans le capital humain de leurs enfants.» Les études de l'OCDE sur le niveau d'instruction, notamment l'étude PIAAC sur les compétences des adultes, montrent que le niveau baisse à mesure que les inégalités se creusent. Cela limite la mobilité sociale et le développement des compétences.
Autre explication, même si l'OCDE n'analyse pas le comportement des plus riches, la perte de croissance vient aussi de leur plus faible propension à consommer. Les classes fortunées ont tendance à épargner, à placer leur argent en capital ou dans la pierre.
Le message pour les autorités publiques est double: il faut cibler les efforts de redistribution, via les impôts et les transferts sociaux, sur les familles avec des enfants et encourager le développement des compétences et la formation tout au long de la vie. «L'accès pour les classes défavorisées à une formation de qualité est capital», note Stefano Scarpetta.
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