Grâce à une enquête de l'Insee, trois économistes démontrent ce que des sociologues décrivent depuis des années : l'accès au logement social est plombé par les discriminations. Les étrangers et les immigrés en sont les premières victimes. Mais les ménages les plus pauvres et les femmes seules avec enfants sont également relégués au second plan
Mediapart15 AOÛT 2013 | PAR MICHAËL HAJDENBERG
Pour la première fois, une étude scientifique démontre la discrimination à l’œuvre dans l’attribution des logements sociaux. À partir des milliers de données issues de l’enquête
Logement 2006 de l’Insee, les économistes Pascal Favard (Université François-Rabelais de Tours), Liliane Bonnal (Université de Poitiers) et Rachid Boumahdi (Toulouse 1) ont
déterminé les caractéristiques qui font qu’un ménage accède plus ou moins rapidement à un logement HLM. Le résultat confirme et va même au-delà de ce que des sociologues
et des associations pointent depuis des années par leurs observations : les personnes issues d’une immigration non européenne sont lourdement désavantagées. Et des publics en théorie considérés comme prioritaires, à savoir les plus démunis ou les femmes seules avec des enfants, sont mal traités.
Commençons par la discrimination la plus forte, celle qui touche ce que les auteurs de l’étude appellent « les ménages non-européens ». Sous cette appellation sont désignés tous les
ménages dont le chef de famille est de nationalité non-européenne ou bien de nationalité française avec au moins un des deux parents de nationalité non-européenne. Donc les
immigrés des 1re et 2e générations.
Résultat : la probabilité d’obtenir un logement au cours du premier mois est d’environ 10 % pour les « Européens » et de 1,5 % pour les non-Européens. Au bout d’un an, les Européens
ont près de 50 % de chances que leur demande ait abouti, contre 15 % seulement pour les non-Européens. La probabilité d’attendre plus de 5 ans est de 35 % pour les Européens ;
de près de 70 % pour les non-Européens. [...]
Mediapart, à travers l’exemple du maire (UMP) du Plessis-Robinson, Philippe Pemezec, a déjà montré comment une ville pouvait volontairement éviter de loger certains habitants à l’origine indésirable.
Cependant, pour Thomas Kirszbaum, un des auteurs de l’étude de 2001, le travail des sociologues révèle autre chose : « Aujourd’hui comme hier, il ne s’agit pas de dire qu’il existe une intentionnalité de discriminer, ni de pointer des dérapages individuels. Nous parlons de discrimination systémique. La logique est impulsée par un système de gestion financier, administratif et politique. Or le monde HLM est dans le déni des discriminations, il refuse de s’interroger comme deux autres institutions pourtant déterminantes pour les immigrés : la police et l’éducation nationale. Tous trois refusent de se demander pourquoi ils produisent des inégalités raciales. »
[...]
- Ici la suite de l'article sur le site de Médiapart
- Ici l'étude des chercheurs résumée ici
- Ici l'analyse de Patrick Simon et Thomas Kirszbaum pour le compte du Geld(Groupe d’étude et de lutte contre les discriminations) (mai 2001)
- Suite à la condamnation d’un office HLM à Saint-Étienne en 2009 pour « discrimination raciale et fichage ethnique des locataires et demandeurs de logements », un cahier rédigé en partenariat avec la Halde (ex-Haute autorité des luttes contre les discriminations) a été envoyé aux bailleurs pour mieux lutter contre ces inégalités.
- Attribution des logements, scoring : l'exemple de Rennes
Sur ce sujet un article du Monde à lire et à relire "L'impossible réforme de l'attribution des logements sociaux"
RépondreSupprimerhttp://www.lemonde.fr/societe/article/2013/09/24/le-mouvement-hlm-rechigne-a-clarifier-les-attributions-de-logements-sociaux_3483340_3224.html
Mauvaise et bonne nouvelle !
La mauvaise nouvelle c'est que la réfome de l'attribution des logements sociaux est mal engagée. La faute aux bailleurs sociaux et aux collectivités locales qui voient d'un mauvais oeil la disparition de leurs prérogatives.
La bonne nouvelle c'est que le Monde (9,7 millions de lecteurs par jour) confirme bien l'opacité du système des attributions qui finit par susciter des soupçons de passe-droit, d'inégalités de traitement, et même de dérives clientélistes.
Il va bien falloir que tout cela change !
Anonymous
Et on peut obtenir des résultats ,la méconnaissances des lois surtout la loi DALO est un vrai problème. Bonne nouvelle si vous êtes persévèrent vous gagnerez.
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