Vies d’exil. Des Algériens en France pendant la guerre d’Algérie 1954-1962.
Attention, dernier jour dimanche 19 mai !
(Entrée gratuite le 1er dimanche de mai)
Synopsis de l’exposition
Cinquante ans après la fin de la guerre d’Algérie, la Cité nationale de l’histoire de l’immigration propose avec l’exposition Vies d’exils, des Algériens en France pendant la guerre d’Algérie une plongée inédite dans le quotidien des travailleurs algériens en France entre 1954 et 1962. Pendant cette période, l’immigration, loin de ralentir, s’accélère au contraire, la population algérienne passant au cours de la période de 220 000 à 350 000 personnes.Fait nouveau dans l’histoire de l’immigration algérienne : il ne s’agit plus exclusivement d’une immigration masculine, et les familles rejoignent peu à peu leurs proches dans l’exil. Entre conflits nationalistes et répression policière, le difficile quotidien n’entame cependant pas la volonté des immigrés de vivre en s’insérant dans la société de consommation qui se profile alors en métropole.
Cette exposition se propose d’aborder les diverses réalités de vie des migrants algériens à travers les questions de la vie sociale - travail, école, logement, loisirs… -, de l’accueil accordé à l’immigration algérienne, entre méfiance et rejet, et de la solidarité envers leur engagement politique et syndical. En effet, la France métropolitaine de l’époque vit successivement au rythme de la guerre d’Algérie, de la vie culturelle et intellectuelle, des événements d’octobre 1961 et enfin, de l’indépendance.
Une riche sélection d’objets, d’œuvres d’art, de documents et de photographies, issue de fonds d’archives, et de collections tant institutionnelles que privées illustrera ces différentes thématiques.
Une production de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration, sur une proposition de Benjamin Stora et Linda Amiri, commissaires scientifiques, assistés par Hedia Yelles-Chaouche.
La scénographie : L’Atelier Caravane est créé en 1993 par Alexandre Fruh, graphiste, scénographe et
muséographe. À ses côtés, travaillent également Den Bazin, conseillère en communication scientifique et illustratrice et Gille Cavas, assistant scénographe et concepteur 3D.
Les commissaires de l'exposition :
Benjamin Stora : Né à Constantine en 1950, docteur d’État en Histoire et Sociologie, Benjamin Stora est Professeur des universités. Il enseigne à l’université Paris XIII et à l’Inalco (Langues orientales, Paris). Il a publié une trentaine d’ouvrages sur la thématique algérienne.
Synthèse historique : L’immigration algérienne en France
Guerre 1914-1918. Soldats nord-africains (Nord de la France)
© Roger-Viollet
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Jusqu’aux années 1930, l’Afrique du Nord fut une terre d’immigration (et de migrations interrégionales) plus que d’émigration. On sait combien l’Algérie coloniale, notamment, attira des centaines de milliers d’Européens. Mais l’aggravation de la paupérisation des populations autochtones et rurales, couplée à l’augmentation de la population, provoquent, dès la fin du XIXe siècle, un double mouvement d’exode rural et de départ hors des frontières, dans un contexte colonial puisque l’Algérie est colonie française depuis 1830, découpée en départements dès 1848.
Foyer de travailleurs nord-africains, Puteaux, 1950
© Paul Almasy / Akg-images
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Algérien à Paris - 12 août 1954 paveur de rues © Gerald Bloncourt |
Bidonville de Nanterre, 1956 © Jean Pottier
Musée national de l'histoire et des cultures de l'immigration
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La libre circulation pour les «sujets» algériens est décidée par le Front Populaire en 1936, mais suspendue dès 1937, et le principe n’en sera rétabli qu’en 1947. La population algérienne fait l’objet d’un strict contrôle par les pouvoirs publics. Le Service des affaires indigènes nordafricaine et une brigade de police nord-africaine sont créés en métropole en 1925. Cette surveillance policière s’accompagne d’une volonté d’intervention sociale, manifestés notamment par la création de la Grande Mosquée de Paris en 1926 et de l’hôpital franco-musulman de Bobigny en 1935.
Le café de la rue Maître Albert 1955.
© Pierre Boulat
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La guerre d’indépendance algérienne (1954-1962), même si elle ralentit légèrement dans un premier temps les nouvelles entrées, ne marque aucun temps d’arrêt dans les migrations algériennes. Au contraire.
Manifestation des travailleurs algériens. Paris, 17 octobre 1961 © Roger-Viollet |
Le jour de l’indépendance dans le bidonville de La Folie à Nanterre. Photo prise par Monique Hervo © Monique Hervo |
En 1962, 16% de la population étrangère en France est de nationalité algérienne. Les départs d’Algérie
plafonnent à partir de 1964. Au printemps 1965, le cap de 600 000 Algériens en France est atteint.Les années 1950 à 70 voient plusieurs modifications importantes : jusque-là migrations souvent temporaires, elles deviennent des migrations d’installation, beaucoup plus familiales qu’elles ne l’étaient jusque-là. Cet aspect s’est renforcé depuis 1974 et l’arrêt officiel de l’immigration de travail.
Famille algérienne logée dans un appartement neuf à Gennevilliers, 1955. © Pierre Boulat / Cosmos |
Depuis plus d’un siècle, la France est donc marquée par une présence algérienne. La société française dans son ensemble a développé de très nombreuses représentations de cette présence, tandis que la culture algérienne a modifié en retour la culture française.
Pour en savoir plus sur l’immigration algérienne pendant la guerre d’Algérie : Peggy Derder, Immigration algérienne et guerre d’indépendance, co-édition La Documentation française – Cité nationale de l’histoire de l’immigration, 2012, 71 pages.
Terminologie : les mots de la guerre d’Algérie et de l’immigration algérienne
- Événements, guerre d’Algérie, guerre d’indépendance, guerre de libération.
d’ « opérations de maintien de l’ordre » ou de « pacification » pour évoquer les opérations militaires menées sur le territoire algérien. Parler de guerre ou de conflit reviendrait pour les autorités françaises à reconnaître l’Algérie comme une nation, et non un territoire français.
Si le terme « guerre d’Algérie » est utilisée très tôt, par les contemporains eux-mêmes et les militaires sur le terrain, elle n’est reconnue officiellement qu’en 1999 lorsque les parlementaires adoptent le 18 octobre 1999, la loi substituant à l’expression « opérations effectuées en Afrique du nord », l’expression « Guerre d’Algérie ou combats en Tunisie et au Maroc». De nombreux historiens préfèrent aujourd’hui utiliser l’expression « guerre d’indépendance algérienne » qui contourne les camps et les idéologies et a le mérite de caractériser l’objet du conflit et pas seulement sa localisation. D’autant plus, que la guerre d’Algérie ne s’est pas jouée uniquement sur le territoire algérien. En Algérie, on parle de « guerre de libération » ou de « révolution ».
- Indigènes, immigrés, Français musulmans d’Algérie, Algériens
- Qui sont les « porteurs de valises » ?
Les plus connus sont le réseau Jeanson et le réseau Curiel. Les militants mènent diverses actions comme l’hébergement ou le déplacement de membres et cadres du FLN, et le transport de fortes sommes d’argent – le plus souvent issues des cotisations de l’immigration algérienne – destinées à l’achat d’armes et de munitions; d’où ce surnom de « porteurs de valises».
En février 1960, la police arrête une vingtaine de membres du réseau Jeanson. Le 1er octobre, les quinze principaux accusés sont condamnés à dix ans de réclusion (dont Francis Jeanson, jugé par contumace). Ils seront amnistiés par la loi du 17 juin 1966.
- Qui sont les harkis ?
Des harkis opèrent également en métropole. En décembre 1959, le préfet de police Maurice Papon obtient la création de la Force de police auxiliaire, opérationnelle en janvier 1960. Surnommée les harkis de Paris, cette unité est composée de 220 supplétifs algériens recrutés en métropole parmi les immigrés récalcitrants au FLN, puis pour certains en Algérie.
- Qui sont les Européens d’Algérie ?
Seule cette population européenne jouit des droits attachés à la citoyenneté et peut participer pleinement à la vie politique (quelques rares élus algériens peuvent être associés localement à la gestion de communes mixtes). Le décret Crémieux de 1870 y adjoint les Juifs autochtones qui sont naturalisés par le même décret. À la veille de la Toussaint rouge, les Européens d’Algérie sont un peu moins d’un million d’habitants tandis que la population algérienne autochtone représente 9 millions de personnes. Les inégalités sont alors criantes. Par exemple, sur 2000 fonctionnaires du Gouvernement général d’Algérie, seuls 8 sont algériens, plus de 80% des enfants européens sont scolarisés contre 20% des enfants algériens. À l’indépendance, l’Algérie se vide de sa population européenne puisqu’en quelques mois 675 000 gagnent la métropole dans des circonstances dramatiques. En mars 1965, seuls 91 276 Français vivent en Algérie.
- Que désigne l’expression « pieds-noirs » ?
- Qui sont les soldats, appelés et rappelés ?
De nombreuses manifestations ont lieu dans les gares pour protester contre les départs des soldats. L’engagement en Algérie est tel qu’au printemps 1956, 400 000 hommes sont mobilisés. Parmi eux, on trouve aussi des appelés. Un appelé est un jeune Français effectuant son service militaire pendant la guerre d’Algérie. Ils sont près d’1.2 million, envoyés en Algérie entre 1954 et 1961.Les classes d’âge 1932 à 1943 sont concernées. Le contingent correspond à la classe d’âge appelée à faire son service militaire. La durée du service militaire est de 18 mois à l’origine, prolongée de 24 à 27 mois, puis jusqu’à 33 mois.
Informations pratiques
Galerie d'exposition temporaire
HARKIS LES CAMPS DE LA HONTE :
RépondreSupprimerlien vers http://www.dailymotion.com/video/xl0lyn_hocine-le-combat-d-une-vie_news
En 1975, quatre hommes cagoulés et armés pénètrent dans la mairie de Saint Laurent des arbres, dans le département du Gard. Sous la menace de tout faire sauter à la dynamite, ils obtiennent après 24 heures de négociations la dissolution du camp de harkis proche du village. A l'époque, depuis 13 ans, ce camp de Saint Maurice l'Ardoise, ceinturé de barbelés et de miradors, accueillait 1200 harkis et leurs familles. Une discipline militaire, des conditions hygiéniques minimales, violence et répression, 40 malades mentaux qui errent désoeuvrés et l' isolement total de la société française. Sur les quatre membres du commando anonyme des cagoulés, un seul aujourd'hui se décide à parler.
35 ans après Hocine raconte comment il a risqué sa vie pour faire raser le camp de la honte. Nous sommes retournés avec lui sur les lieux, ce 14 juillet 2011. Anne Gromaire, Jean-Claude Honnorat.
Sur radio-alpes.net - Audio -France-Algérie : Le combat de ma vie (2012-03-26 17:55:13) - Ecoutez: Hocine Louanchi joint au téléphone...émotions et voile de censure levé ! Les Accords d'Evian n'effacent pas le passé, mais l'avenir pourra apaiser les blessures. (H.Louanchi)
Interview du 26 mars 2012 sur radio-alpes.net
Exposition magnifique ! Merci à Benjamin Stora et à Linda Amiri pour ce travail très émouvant.
RépondreSupprimerMerci à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration pour cette programmation.
Deux monuments de la chanson de l'exil Slimane Azem et Dahmane Harrachi
RépondreSupprimerSlimane Azem : La carte de résidence
D'après ce qu'on nous annonce ça va dans un bon sens
Faut pas prévoir à l'avance avant d'avoir la réponse
Avant d'avoir la réponse au sujet d'la résidence
Khis ruh ken hen imenik ye la warlom di tmurt ik
Ad lumud at ik seltik kulass d'les conférences
Kulass d'les conférences pour étudier tous les sens
C'est vraiment bien dommage le racisme et le chômage
Heureusement qu'il y a des sages, c'est le prestige de la France
C'est le prestige de la France, c'est la raison d'espèrance
Anda yi la l'kheddema i waren, d'immigré tti t'kavalen
Yarna soussoum arkhissen, u qarness ''tu as d'la chance''
U qarness ''tu as d'la chance'' mi te trit la résidence
Toujours des conversations, le chômage, l'immigration
Après les négociations, on attend qu'on nous annonce
On attend qu'on nous annonce, chaque fois ça recommence
Achral ayaki ne sbar fi tmurt narziz'n em aruh
Ma yi la n'zemer n ruh, ad zran la différence
Ad zran la différence ma yi la ulac la résidence
Le travail quand il est dur, c'est pour l'immigré biensûr
Avec la conscience pure, l' dévouement et les souffrances
L'dévouement et les souffrances, ça mérite la récompense
An ruh da n'kheddam cituh fika narziz'n em aruh
Ma yi la n'zemer n ruh, il faut subir les conséquences
Il faut subir les conséquences, y'aura plus de réminence
Après tout ça m'f'ra du bien de retourner chez les miens
Je suis un Africain, le Soleil en permanence
Le Soleil en permanence, pour moi ça a d'l'importance
Anda n ruh yi la itaj, di kul tamurt itt fedjel
Arbi dernen itt faridj, di romner n rich d'avance
Di romner n rich d'avance, jusqu'à la fin d'l'existence
C'est avec grande joie qu'je vais rentrer chez moi
C'est normal chacun chez soi, souvenirs d'notre enfance
Souvenirs d'notre enfance avec toutes ces références
Tu sais bien qu'la Terre est ronde, le Soleil est pour tout l'monde
Il brille à travers les hommes grâce à la Providence
Grâce à la Providence qui domine toutes les puissances
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, si j'dois vous dire adieu
Sachez bien que mes aïeux ont combattu pour la France
Ont combattu pour la France bien avant la résidence
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, si nous devons vous dire adieu sachez bien que nos aïeux ont combattu pour la France
Sachez bien que nos aïeux ont combattu pour la France(bis)
Dahmane Harachi : Ya Rayah (Ô toi qui t'en vas)
RépondreSupprimerYa rayah win msafar trouh taaya wa twali
Ô toi qui t'en vas, où pars-tu ? Tu finiras par revenir
Chhal nadmou laabad el ghaflin qablak ou qabli
Combien de gens peu avisés l'ont regretté avant toi et moi
Chhal cheft al bouldan laamrine wa lber al khali
Combien de pays surpleuplés et de régions désertes as-tu vu ?
Chhal dhiyaat wqat chhal tzid mazal ou t'khali
Combien de temps as-tu gaspillé ? Combien vas-tu en perdre encore et que laisseras-tu ?
Ya lghayeb fi bled ennas chhal taaya ma tadjri
Ô toi l'émigré, tu ne cesses de courir dans le pays des autres
Tzid waad el qoudra wala zmane wenta ma tedri
Le destin et le temps suivent leur course mais toi tu l'ignores
[Refrain] [Refrain]
Aalach qalbek hzine waalach hakdha ki zawali
Pourquoi ton coeur est-il si triste ? Pourquoi restes-tu planté là comme un malheureux ?
Matdoum achadda wila tzid taalem ou tabni
Les difficultés ne durent pas (1), et toi tu ne construiras, ni n'apprendras rien de plus, ainsi
Maydoumou layyam walay doum seghrek ou seghri
Les jours ne durent pas, tout comme ta jeunesse et la mienne
Ya hlilou meskine li ghab saadou ki zahri
Ô le malheureux dont la chance est passée, comme la mienne
[Refrain] [Refrain]
Ya msafer naatik oussaayti addiha el bakri
Ô toi qui voyage, je te donne un conseil à suivre tantôt
Chouf ma yeslah bik qbal ma tbia ou ma techri
Vois ce qui te convient avant de vendre ou d'acheter
Ya nnayem djani khabrek ma sralek ma srali
Ô toi l'endormi, des nouvelles de toi me sont parvenues, il t'est arrivé ce qui m'est arrivé
Hakdha rad el qalb bel djbine sabhane El Aali
Ainsi reviens le coeur à son créateur le Très Haut