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vendredi 19 avril 2013

Les immigrés, surtout les femmes, contribuent à la croissance

Dans un article intitulé « Immigration et croissance économique en France entre 1994 et 2008 », Hippolyte d’Albis*, professeur à l’École d’économie de Paris et à Paris I, Ekrame Boubtane au Cerdi de l’Université d’Auvergne et Dramane Coulibaly au laboratoire EconomiX-CNRS de l’Université Paris-Ouest montrent que la venue d’immigrés, et notamment des femmes, a un effet « positif et significatif » sur le PIB par habitant et qu’inversement une croissance soutenue attire les immigrés.

« Contrairement à une idée parfois commune (…), écrivent les économistesla plupart des études empiriques ne permettent pas de conclure à un effet négatif de l’immigration sur l’économie du pays d’accueil. L’étude du cas de la France entre 1994 et 2008 va au-delà. Bien que la majorité des bénéficiaires de titres de séjour de plus d’un an soit venue pour raisons familiales, les immigrés en provenance de pays tiers ont significativement contribué à la croissance du PIB par habitant. Ils ont donc participé à l’amélioration des conditions de vie moyennes des autochtones. »


«Les femmes immigrées contribuent deux fois plus»

« Nos résultats montrent que les femmes venues en France pour rejoindre leur époux contribuent beaucoup et très positivement. Cela prouve que ces femmes travaillent le plus souvent et qu’en travaillant, elles permettent à d’autres personnes de travailler. Par exemple, elles sont très présentes dans les métiers de garde d’enfant. Ce faisant, elles libèrent le temps des parents qui restaient auparavant à la maison au profit d’emplois qualifiés. Leur travail a un effet multiplicateur. On pourrait dire qu’elles contribuent deux fois. »

Plusieurs interprétations coexistent pour expliquer la corrélation entre immigration et enrichissement. Dans une économie complexe, la complémentarité des compétences est déterminante. « Les migrants avec leur passé, leur volonté, leurs différences sont un plus », indique Hippolyte d’Albis, en se référant à des travaux évaluant l’effet de la diversité des origines des migrants sur la compétitivité des pays d’accueil. Comme n’importe quel individu, les migrants sont eux-mêmes des consommateurs : ils achètent de quoi se nourrir, se vêtir, se divertir. En raison de leur relativement jeune âge, ils viennent compenser (en partie seulement) le vieillissement démographique. Actifs, ils arrivent en général dans la force de l’âge et, de ce fait, coûtent moins cher à la collectivité que les personnes âgées et les enfants. Prêts à l’emploi, ils n’ont pas occasionné de dépenses en matière de formation. Employés le plus souvent à des niveaux inférieurs à leurs qualifications, ils peuvent, en termes macroéconomiques, être considérés comme particulièrement “rentables”. Et ce d’autant plus qu’ils sont présents dans des secteurs en plein boom comme les services à la personne et dans des secteurs délaissés par les “nationaux”, comme l’agriculture ou le bâtiment.

Voir ici l'étude dans son intégralité.

Hippolyte d’Albis a recu en 2012 le prix du meilleur jeune économiste pour ses travaux d'économie démographique.

(Source de l'article Médiapart - Carine Fouteau)